Les praticiens de la santé publique des wilayas du centre du pays se sont rassemblés, hier, au deuxième jour de la grève, à l'intérieur du CHU Mustapha Pacha à Alger. Ils réclament une réunion officielle de conciliation avec la tutelle et des réponses concrètes à leurs revendications. Le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), a affirmé que «la grève a été largement suivie, ces deux derniers jours et ce, malgré l'intox, la désinformation, la manipulation et la trahison», a-t-il souligné. Il s'est interrogé devant les protestataires en blouse blanche, de quoi a peur le ministre puisqu'il a affirmé à travers «le syndicat maison» que toutes les revendications ont été satisfaites? Il poursuit, a-t-il peur de signer un PV de réunion concret qui clarifie les réponses ? Les grévistes exigent du concret « noir sur blanc ». Le Dr Merabet a précisé qu'on ne va pas au ministère de la Santé pour prendre du thé, mais pour sortir avec un PV de réunion contenant des engagements écrits. Un médecin généraliste à la clinique Naïma a affirmé : «Je suis ici pour la dignité des médecins généralistes et pour protester contre la destruction silencieuse du service public de santé». Elle précise encore que «les citoyens démunis sont orientés vers les cliniques privées et ceux ayant les moyens de payer leur soins sont traités dans les hôpitaux publics gratuitement». Elle poursuit en affirmant que le secteur de la santé est géré par une poignée de groupes qui utilisent les moyens du secteur pour servir leurs intérêts, ceux de leurs proches ainsi que leur entourage. Un autre gréviste enchaîne en affirmant que certains professeurs bloquent la formation des médecins généralistes pour l'obtention d'un certificat d'études spécialisées. Les praticiens mis à la disposition de l'enseignement supérieur réclamaient, eux, la prime de contagion. «Le ministère des Finances a refusé de nous octroyer cette prime sous prétexte qu'on n'est pas en contact direct avec les malades dans les hôpitaux, mais le ministère de la Santé nous oblige à travers des circulaires à effectuer des vaccinations contre l'hépatite virale et d'autres formes d'infection», soutient un médecin. Une autre enchaîne : «On assure des soins à l'ensemble des étudiants et le personnel universitaire, on reçoit parfois des étudiants blessés suite à des altercations ou agressions, on est les premiers à les recevoir, comment ils nous privent de la prime de contagion ?» s'interroge-t-elle. Ces praticiens mis à la disposition de l'enseignement supérieur se sentent délaissés depuis 1992, date de la création de ces postes. «Notre statut n'est pas clairement défini, on est ballottés entre trois institutions, le ministère de la Santé, de l'Enseignement supérieur et des Finances». Les blouses blanches se sont dispersées en entonnant : «Notre syndicat est libre et démocratique». Les responsables du SNPSP ont appelé leurs adhérents à plus de vigilance et de mobilisation en maintenant le service minimum. Ils se sont donnés rendez-vous pour un rassemblement, le mercredi 10 décembre à 10 heures, «pour bloquer l'accès au ministère de la Santé». Un rassemblement qui se tiendra à la troisième journée de débrayage prévu les 8, 9 et 10 décembre. Pour rappel, les praticiens de la santé publique réclament des réponses concertes sur certaines dispositions du statut particulier conformément à l'accord signé en 2011 dont l'accès au grade de «praticien principal» et «praticien en chef».