Dans une interview accordée à l'APS, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est longuement revenu sur les décisions du Conseil restreint consacré à l'évolution des marchés pétroliers et son impact sur l'économie algérienne et aborde la démarche à suivre pour réaliser les objectifs du prochain plan quinquennal 2015-2019. Pour Sellal, invité à faire un bilan de 2014, l'année écoulée a « été une année riche en évènements et en réalisations ». Il cite le « succès de l'élection présidentielle où le peuple souverain s'est largement exprimé en faveur des options de paix, de stabilité et de renouveau économique et social portées par M. Abdelaziz Bouteflika, et que le gouvernement s'est immédiatement attelé à concrétiser. Le pays a vu la réalisation de plusieurs projets socio-économiques qui ont amélioré la situation des Algériens, bien qu'il soit nécessaire de faire davantage ». Le Premier ministre considère que « la plupart des indicateurs macro-économiques ont progressé positivement ». Le PIB « est passé de 4.123 milliards de DA en 2000, à 16.496 milliards de DA en 2013 et à 17.647 milliards de DA en 2014 », et le programme de logements affiche, selon lui, 321.500 unités réalisées et 311.300 distribuées en 2014. Sellal cite aussi comme réalisation de l'année écoulée « le soutien au pouvoir d'achat du citoyen, l'abrogation de l'article 87 bis, le soutien à la production nationale par le rétablissement du crédit à la consommation, la réception de plusieurs structures de soins notamment les centres anti-cancer et l'entrée en production des usines de véhicules touristiques de Tlélat, de véhicules tout-terrains de Tiaret et de camions de Rouïba ». Pour faire face à la baisse des prix du pétrole, Sellal affirme que la réunion restreinte du 23 décembre 2014 présidée par le chef de l'Etat, a permis de prendre « des mesures précises de réajustement » qui « devront connaître une mise en œuvre diligente pour la réalisation du programme quinquennal d'investissements, la rationalisation de la dépense publique, la maîtrise du commerce extérieur et des flux de capitaux ainsi que la dynamisation et le développement des secteurs de l'industrie, de la pétrochimie, de l'agriculture, du tourisme et des nouvelles technologies de l'information et de la communication ». Il précise que « les chantiers de diversification de l'économie nationale, de modernisation des services publics et d'amélioration d'exécution de la dépense publique ont été engagés bien avant les replis du marché mondial des hydrocarbures ». Il cite, à titre d'exemple, « une progression de 28% de l'exécution de la dépense d'équipement passée de 1.873 milliard de DA en 2013, à 2.400 milliards de DA en prévision de clôture 2014 ». « La jeunesse demeure, elle aussi, un axe prioritaire de l'action des pouvoirs publics. Les différents mécanismes et dispositifs d'aide à l'emploi et à la création d'activités par les jeunes promoteurs sont maintenus car ils donnent d'excellents résultats: on note ainsi pour les dispositifs ANSEJ, CNAC et ANGEM et par rapport à 2013, des progressions de 17% du nombre des dossiers financés, de 51% des montants des crédits bancaires accordés et de 20% en terme de création d'emploi (262.194 contre 153.165) », ajoute le Premier ministre. GEL DES RECRUTEMENTS DANS LES SECTEURS NON-PRIORITAIRES A propos du gel des recrutements annoncé il y a deux semaines, Sellal explique que cela concerne « certains domaines non prioritaires », et que ça « ne concernera pas des secteurs socioéconomiques importants comme l'éducation, l'enseignement supérieur, la formation professionnelle et la santé, où il est prévu, au contraire, un renforcement de l'encadrement ». « En résumé, il s'agit sans ralentir le rythme du développement socio-économique, d'adopter une démarche préventive et prudentielle qui pérennisera la solidité de l'économie nationale et lui évitera tout recours à des ressources financières extérieures en cas d'étalement dans le temps de cette séquence baissière des prix des hydrocarbures », affirme Sellal. A une question sur les sources de financement du plan quinquennal 2015-2019, Sellal affirme que dès 2015, « nous comptons accélérer la transformation et la diversification de notre économie en nous appuyant sur un outil de planification (le quinquennal 2015-2019 en lancement) et sur un cadre de concertation et de dialogue (le pacte national économique et social pour la croissance signé avec le patronat et les partenaires sociaux en février 2014 et enregistré au niveau de l'Organisation internationale du travail) ». L'objectif est, selon lui, « d'opérer la mue de notre économie vers la production et la création de richesse pour réaliser une croissance annuelle de 7% et maintenir la baisse du taux de chômage passé de 29,8% en l'an 2000, à 9,8% en 2014 ». « L'entreprise nationale, publique et privée, est au cœur de cette démarche », déclare Sellal pour qui « les performances économiques du pays sont positives et peuvent être substantiellement améliorées ». « Nous avons le potentiel pour réaliser une croissance plus forte et durable, mais il nous faut d'abord, nous départir du pessimisme ambiant. Nous devons avoir de l'ambition pour le pays et nous projeter dans le futur en valorisant nos avantages et atouts et en opérant les réformes nécessaires », dit-il. Le Premier ministre n'a aucun doute sur la « capacité des Algériens à relever ensemble, dans la solidarité et la fraternité, ce formidable challenge ». Il a appelé à la mobilisation générale pour « faire cesser la gabegie ». « Notre pays a des capacités formidables : la vitalité de son économie, la jeunesse de sa population et la crédibilité et la constance de position de ses gouvernants, doivent conduire l'Algérie naturellement à être un pays émergent et un acteur international sur lequel ont doit compter ». FRONTIERES ET DIALOGUE Sur le registre de la situation aux plans régional et international, (Mali, Libye ), Sellal estime que « les évènements qu'ont connus la région arabe et le Sahel ont confirmé la pertinence des positions de l'Algérie ». « Dans un contexte tendu et bouleversé, l'Algérie défendra ses acquis issus de la politique de réconciliation nationale et approfondira son processus irréversible de démocratisation. Elle poursuivra sa lutte implacable contre le terrorisme et ses efforts de sécurisation de ses frontières », affirme-t-il. A propos de la Tunisie, il considère que le « bon déroulement des élections présidentielles » est « un signe positif pour le retour de la paix dans la région ». « Notre pays soutient et soutiendra tous les processus politiques de dialogue inclusif et de réconciliation engagés par les pays amis et voisins, dans le respect de la légalité internationale, du principe de non ingérence et l'intégrité territoriale de ces pays », a-t-il déclaré.