Se basant sur des « confidences » recueillies auprès de sources qualifiées de fiables, des confrères ont dès le début de l'automne dernier annoncé que le président de la République s'apprêtait à procéder à un remaniement gouvernemental d'importance. Depuis et même si le secrétaire général du FLN Amar Saadani a confirmé qu'effectivement l'opération va avoir lieu, l'équipe Sellal est toujours en place. Selon nos propres sources, le remaniement est toujours d'actualité, mais le chef de l'Etat temporise car ayant fait engager des tractations avec des formations partisanes hors de la coalition de gouvernement actuelle en vue de l'élargissement de celle-ci. Ce qui lui permettrait de constituer un exécutif aux allures de gouvernement d'unité nationale. Bouteflika a songé à doter le pays d'un tel gouvernement au lendemain même de sa réélection contestée d'avril 2014. Des contacts avaient été entrepris dans ce sens notamment auprès du FFS, du PT, du Parti Moustakbel et d'autres de la mouvance islamiste en particulier. Tous ont décliné l'offre à participer au gouvernement postélectoral, et Bouteflika contraint donc à la formation d'une équipe gouvernementale qui est tout sauf d'unité nationale. S'il tente de relancer son projet c'est au constat que le pays est entré dans une zone de turbulences qui nécessite à ses commandes une équipe dirigeante disposant du soutien et de la confiance des forces vives nationales les plus influentes. Mais si l'impératif d'unité nationale s'impose à l'Algérie confrontée à de menaçants dangers qui sont sa préoccupante situation économique et financière et les conséquences induites pour sa sécurité nationale par les conflits et crises qui secouent pratiquement tous les Etats ayant une frontière avec elle, il faut pour pouvoir le concrétiser que Bouteflika et les tenants du pouvoir renoncent à dicter les termes d'un consensus national à cette fin. Or, ils s'en tiennent à l'évidence à cette exigence en rejetant dans la forme et le fond les propositions formulées solidairement par une bonne partie de la classe politique visant à permettre la construction d'un tel consens national. Les choses étant en l'état, il paraît peu envisageable que le remaniement gouvernemental attendu s'opère dans des conditions donnant à voir que l'unité nationale s'est faite pour affronter les défis auxquels le pays est confronté. Dans ce contexte particulier par sa gravité que traverse la nation, un remaniement qui se limiterait à un énième partage des postes ministériels entre les partis de l'actuelle coalition gouvernementale ne constituerait qu'une fuite en avant et un refus d'admettre que la solution à la crise nationale n'est pas dans le seul lifting d'une équipe gouvernementale. Les problèmes qui se posent à l'Algérie sont cruciaux. Le système et le régime qui les ont créés et accumulés ne peuvent plus prétendre les résoudre en refusant ce que le reste de la société propose comme solution pour y parvenir.