Le gaz de schiste en Algérie doit avoir sa place à long terme comme une ressource complémentaire dans le mix énergétique national et ne doit, en aucun cas, être considéré comme «une rente», affirme à l'APS l'expert Abdelmadjid Attar. L'ex-PDG de Sonatrach insiste pour que ce gaz soit considéré comme «une alternative partielle et un simple complément à la sécurité énergétique du pays au-delà de 2030». Selon lui, l'Algérie est seulement au stade de l'exploration et de l'évaluation du potentiel récupérable. C'est une «phase obligatoire» avant d'envisager toute exploitation laquelle exige une autorisation du Conseil des ministres conformément à l'article 23 bis de la loi sur les hydrocarbures. Il indique aussi que des pays comme la Chine, l'Argentine, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Afrique du Sud et même l'Arabie Saoudite sont aussi en phase exploratoire. «Dans une décennie, le problème de la sécurité énergétique en Algérie deviendra de plus en plus préoccupant vu la croissance de la consommation interne», soulignant que le gouvernement doit mettre en place un modèle de consommation énergétique comprenant en priorité l'investissement dans le renouvelable, l'impulsion d'un programme d'économie d'énergie et la préservation d'une rente minimale pour financer une nouvelle économie productrice de richesses. Il considère qu'il est prématuré de parler de moratoire sur les forages de schiste en Algérie, tel que revendiqué par des citoyens et des partis politiques tant que la phase exploration n'est pas encore achevée. «Un moratoire nécessite un débat ouvert et transparent sur la base de données concrètes, d'où la nécessité de dépasser le stade exploratoire et d'en débattre sur la base de données algériennes et non de données ou de modèles étrangers dont le contexte géographique, économique et même humain est complètement différent», soutient M. Attar. Interrogé sur l'impact environnemental de l'exploitation du schiste, M. Attar tient à préciser que les risques enregistrés en début d'exploitation aux Etats-Unis et en Pologne sont «dus à l'absence de mesures de prévention et un contexte géologique, hydrogéologique ou topographique qui n'existe absolument pas en Algérie». LA PERCEPTION DES RISQUES «SOUVENT EXCESSIVE» «La perception des risques associés au gaz de schiste est souvent excessive. Il existe, aujourd'hui, les moyens de travailler correctement sur le gaz de schiste compte tenu de l'évolution des techniques et de l'expérience considérable accumulée aux Etats-Unis», affirme de son côté Francis Perrin, président de la société Stratégie et politiques énergétiques (SPE), dans un entretien à l'APS. Selon lui, «il faut regarder les réalités d'aujourd'hui et pas celles des années 2000 car beaucoup de choses ont progressé depuis». Il explique que les risques de polluer les nappes phréatiques relèvent plutôt d'un non-respect des normes assurant l'intégrité des forages. Sur ce point, il cite l'exemple de l'une des plus grandes marées noires de l'histoire, survenue en 2010 dans le Golfe du Mexique avec le puits Macondo foré par la firme BP, provenue, pourtant, d'un forage d'exploration de pétrole conventionnel et non de pétrole ou de gaz de schiste». EVALUATION OBJECTIVE DES PREOCCUPATIONS ENVIRONNEMENTALES Les préoccupations environnementales, liées à l'exploitation de gaz de schiste dans le monde, doivent faire objet d'une évaluation «rationnelle et objective», estime l'Union internationale du gaz (UIG). Dans une publication, intitulée «gaz de schiste: les réalités sur les préoccupations environnementales», l'UIG relève que, jusqu'ici, le débat sur l'impact environnemental s'est limité à opposer des avis contradictoires entre partisans et opposants à la fracturation hydraulique «sans jamais s'axer sur une évaluation fondée, rationnelle et objective» de ces craintes. Le rapport répond avec des précisions détaillées sur huit préoccupations environnementales souvent soulevées par les détracteurs de l'exploitation de gaz de schiste. Concernant la préoccupation selon laquelle la fracturation hydraulique pourrait avoir des effets néfastes sur les nappes d'eau, l'UIG précise que ce ne sont pas seulement les forages horizontaux qui traversent les nappes d'eau puisque même les forages verticaux, qui sont une pratique bien établie dans la production du pétrole et du gaz conventionnel, traversent des aquifères en toute sécurité sans pour autant provoquer des incidents. «Des millions de puits verticaux ont été forés depuis l'avènement de l'industrie pétrolière, sans enregistrer des incidents majeurs», souligne l'organisation dans son rapport. Selon l'UIG, «les rares incidents de contamination des eaux souterraines sont dues à des tubages de puits défectueux, d'où la nécessité d'assurer une bonne cimentation de ces installations.