La détresse des malades atteints de cancer est une seconde souffrance, morale celle-là, partagée par des milliers de patients, au niveau du territoire national. Mais, il y a, toujours, parmi eux ceux qui subissent le pire. Un malade dont le lieu de résidence offre l'opportunité de bénéficier de séances de radiothérapie devant chez-lui, lorsque le Centre anti-cancer (CAC) est disponible dans sa wilaya, n'a pas autant de soucis à se faire que celui qui doit se déplacer, sur de longues distances pour se faire soigner. En ce 4 février, Journée mondiale de lutte contre le cancer, la LADDH du bureau de Chlef a établi un constat amer de la prise en charge des malades atteints du cancer, dans cette wilaya. C'est que, il y a toujours pire en matière de prise en charge de ces malades. Des malades atteints de cancer dans les wilayas de Constantine, Batna ou Annaba, doivent se déplacer à Alger, à Oran et à Blida pour bénéficier de séances de radiothérapie ou de chimiothérapie, sur un lointain rendez-vous d'une année, mais ils ont l'espoir de pouvoir bénéficier de cette prise en charge, dans leur localité, à la fin des travaux d'installation des accélérateurs ou carrément de la réalisation de CAC, dont les projets ont été initiés par les pouvoirs publics pour, justement, atténuer leur misère. Mais, à Chlef, où le bureau de la LADDH estime que le chiffre exact des malades atteints de cancer, varie entre 2.000 et 2,500, il n'y a rien, aucun espoir d'échapper à la misère morale. L'option de création d'un centre anti-cancer (CAC), dans la wilaya de Chlef a été retenue, en 2006, par les ministères de la Santé et des Finances, dans le cadre du programme de la croissance économique, promulgué par le président de la République, en 2007, mais rien depuis. Le projet est mort à l'état embryonnaire ! La LADDH indique qu' « en janvier 2007, une décision a été, dans ce sens, notifiée par le ministre des Finances, à l'intention du wali, le montant de l'AP a été fixé à 20 milliards de centimes, et le même mois, les procédures réglementaires ont été entamées, avec, en prévision, la réception du CAC, dans le courant de l'exercice 2009 ». Puis, plus rien. Le néant. Car, souligne les termes du communiqué de la LADDH, « le projet initial qui devait abriter ce centre, situé au quartier Aroudj' a été, tout bonnement, abandonné. Une autre décision a été prise, en janvier 2010, par le ministère de la Santé, de le réaliser à Haï Bensouna', et qui consiste en la réalisation d'un service de radiothérapie et d'oncologie adossés à l'hôpital de 240 lits, et ce, à la place du Centre anti-cancer (CAC) prévu auparavant ». Ajoutant, dans ce contexte, que ce n'est que « deux années après que la décision de la réalisation d'un CAC a été retenue, pour la wilaya Chlef ». Au train où vont les évènements, beaucoup de malades s'en réjouiront une fois mis sous terre. Indignée par ces négligences, ce manque de sérieux flagrant, la LADDH dénonce « le non-respect des délais de réalisation du Centre anti-cancer (CAC), surtout en l'absence de centres de radiothérapie, dans la wilaya de Chlef, obligeant les cancéreux de la wilaya d'aller demander une prise en charge aux Centres anti-cancer de Blida et du CHU d'Alger ». Non sans préciser que « ce n'est toujours pas chose acquise, car, d'après des malades, il faut user de connaissances pour bénéficier des séances de chimiothérapie. Quant aux séances de radiothérapie, les malades de Chlef n'ont pas le droit de délivrance des rendez-vous, à cause, selon les mêmes malades, des pannes de machines ou de la forte demande ». Dans sa complainte, la LADDH tire la sonnette d'alarme sur « la pénurie de médicaments vitaux, sur l'inégalité des soins, l'absence de chimiothérapie, de radiothérapie ». Des maux qu'on aurait pu, qu'on peut, éviter aux patients, tout juste en s'imprégnant d'humanisme et de sens de la responsabilité. La LADDH engage, là-dessus, toute la responsabilité des pouvoirs publics, rappelant dans ce sillage, que « les frais des soins médicaux ne sont pas à la portée de tous les malades », sachant que « le montant d'une séance de radiothérapie s'élève à 13. 000 DA chez le privé tandis que les services de la Sécurité sociale n'en rembourse que 400 DA seulement ! ». La LADDH signale, en outre, l'existence d'une pénurie de psychotropes et des médicamentations anti-douleurs nécessaires dans les séances de chimiothérapie et que « le coût de la prise en charge thérapeutique, l'achat des médicaments anticancéreux (chimiothérapie), la radiothérapie, les frais des analyses de laboratoire, des examens radiologiques, la charge financière liée au transport et aux contrôles post-thérapeutiques, incombent totalement au patient ». Le droit aux soins est un droit constitutionnel inaliénable, rappelle-t-on. Considérant, ainsi, qu' « il est grand temps pour les pouvoirs centraux d'investir, de façon équitable, dans ce secteur, afin de sauver la vie de nos concitoyens atteints de cette maladie chronique ».