«Nous allons entrer dans l'enceinte du port. C'est une question de temps. Tôt au tard, il faut que cet espace clos suive l'opération d'agrémentation et d'enjolivement que nous sommes sur le point de lancer dans ce périmètre maritime de la ville». Ainsi, le chef de l'exécutif local a-t-il pris l'engagement solennel d'inclure la structure portuaire dans le champ d'intervention du lifting paysagiste lancé dans les quatre coins de la ville, avec effet «zoom» sur le centre-ville. Une décision «courageuse» qu'aucun de ses prédécesseurs n'y avait même pas songé. «Un pied dans la fourmilière», pour reprendre le dépositaire de l'autorité de l'Etat à l'échelon de la capitale de l'Ouest, qui a entrouvert ce dossier -qui n'est ordinaire qu'en apparence- lors du dernier conseil de l'exécutif. C'est en faisant le point sur l'avancement de l'opération de «relook» du périmètre de la pêcherie, dont le pilotage est confié au directeur de l'habitat de la wilaya, que le wali a ouvert une parenthèse pour affirmer en substance que le port d'Oran ne doit pas être en reste par rapport à l'effet d'entraînement de l'amélioration urbaine qui se fait et qu'il doit lui aussi se dépoussiérer comme son entourage tout entier. Il compte pour cela, bien entendu, sur la bonne réponse de l'entreprise gestionnaire, l'EPO. L'intérêt supérieur de l'action envisagée par les pouvoirs publics de la collectivité ainsi que sa finalité sont de nature à susciter -en principe- une mobilisation spontanée des décideurs de l'Entreprise portuaire d'Oran. Ces derniers savent mieux que quiconque quels sont les points noirs à résorber en priorité dans leur parc. Ils ont d'ailleurs répondu favorablement à un premier appel en ce sens, acceptant ainsi de démanteler l'ancienne affreuse clôture métallique, couleur vert militaire, qui longeait la route du port jusqu'au tunnel de la pêcherie, pour la reprendre avec une nouvelle de bonne qualité et qui sied au paysage. Mais ce n'est qu'un petit pas, car le gros à changer est à l'intérieur, au fond d'écran. La parenthèse fermée, le wali a aussitôt demandé au directeur de l'habitat, Mohamed Merdjani, de lire son compte rendu concernant la mission de réhabilitation et de relook des façades à travers le périmètre de la pêcherie et toute la partie basse d'Oran par rapport au quartier de Sidi El-Houari. Ce dernier a fait savoir que le coup d'envoi de cette action, financée à partir de la taxe d'habitation, a été donné récemment. Il est question, dans une première phase, du ravalement du parc immobilier de tout le secteur, composé en majorité de locaux désaffectés et de commerces spécialisés en restauration de poisson. Il sera question, dans un second temps, du traitement du talus, ce qui nécessite des fonds plus importants, avec à la clé une étude et un appel d'offres, le cas échéant. Mais en attendant, il est question d'une action ponctuelle consistant en la mise en place d'un alignement de panneaux sur lesquels s'exprimeront des peintres des Beaux-Arts. Il faut dire que les choses ont besoin de bien plus de quelques touches de pinceau dans ce site qui a été complètement délaissé et exclu de la gestion territoriale depuis bien des années. «Ce n'est qu'un petit début, le gros est à venir», promet néanmoins M. Merdjani, qui parle d'une métamorphose qui s'opérera à terme dans ce site névralgique d'El-Bahia, qui tient une bonne part de sa renommée à sa marina séculaire très prisée. Ce bas-côté de la ville d'Oran, qui constitue la première façade maritime dans l'histoire d'El- Bahia, était composé de maisonnettes, mêlant couleurs bleuâtre et blanchâtre, visibles de très loin dans la baie d'Oran. Jadis, le quartier qui se dressait en contrebas du piedmont Murdjadjo (djebel Sidi Abdelkader pour les Oranais), face à la mer, abritait les familles des pêcheurs. De jour comme de nuit, l'animation dans ce quartier tournait autour des activités de pêche nocturnes, mais était faite aussi de clients fréquentant les restaurants et les tavernes qui s'y trouvaient. A cette époque encore, la marina était le point focal de tous les groupements d'habitations existants dans le vieil Oran. Aujourd'hui, de ce prestigieux passé glorieux, il ne reste que les vieilles et fragiles bâtisses abritant les restaurants de la pêcherie. Le temps a fait son effet, et le laisser-aller aussi, et des maisonnettes qui embellissaient cet endroit stratégique de la ville, il ne reste que les vestiges visibles à certains endroits. Du temps de l'ex-wali d'Oran, aujourd'hui ministre de la Santé, la marina allait constituer le point focal du projet de modernisation d'Oran. Les bâtisses servant de restaurants allaient toutes être rasées et les propriétaires indemnisés. Les habitants des logements sociaux de la commune allaient également faire l'objet de nouvelles attributions sociales. Un projet tombé à l'eau car étant, tout simplement, utopique.