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Cogner sa meuf, c'est plus halal !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 03 - 2015


Faut-il se réjouir de l'adoption de la loi criminalisant les violences contre les femmes ou se désoler quant à cette levée de boucliers des conservateurs qui estiment que le Parlement n'a rien à faire dans une chambre à coucher ? La question ne devant même pas être posée puisque frapper une femme, même si c'est la vôtre, est interdit déjà par principe. La loi venant après, si on décide de laver son linge sale dans le commissariat du coin. Pour une fois, les députés algériens ont fait preuve de discernement et de bon sens en votant cette loi, même si, ou parce qu'elle a été adoubée par le gouvernement, c'est selon. Le cas contraire, on n'aurait certainement continué à cogner sur les nanas en toute impunité. Cette loi vient donc mettre fin au statut de punching-ball de la femme mariée et préserver son argent de l'avidité de Monsieur qui, lui, a le statut de Dieu Le Père dans l'organigramme familial traditionnel, lire les familles arabo-musulmanes. Le texte, une première pour le souligner et l'applaudir, pénalise également le harcèlement dans les lieux publics et celui moral sous le toit conjugal. Ainsi, la femme algérienne peut décemment déambuler dans les rues, devenues à force d'impunité de véritables jungles urbaines, sans risquer de se voir agresser par le geste et la parole par une faune d'inadaptés lâchés dans la nature. La drague étant une chose, le harcèlement une autre, cette loi doit protéger la femme de ces immondices textuelles qui contaminent notre environnement sonore. Il est plus qu'urgent que la rue et les lieux publics retrouvent un semblant de sérénité pour le bien de tous. Case prison, la loi adoptée envoie quiconque passe ses nerfs sur sa femme derrière les barreaux. Et si on a la main plus ou moins lourde et qu'on refasse le portrait à son épouse sans passer par le chirurgien esthétique, on a droit entre 1 à 20 ans de prison. C'est à vous de choisir. Et si le coup de poing est fatal, c'est la réclusion à perpétuité. Quant à vouloir s'accaparer de son argent contre sa volonté parce que simplement on est l'homme de la famille et qu'on partage le même lit, un article de cette loi prévoit six mois à deux ans de prison pour les plus insistants. Les détracteurs de cette loi préviennent qu'elle va à l'encontre des valeurs de l'Islam accusant le gouvernement de vouloir copier les « koufars». Les islamistes de l'hémicycle croyant que ne plus battre sa femme sans en payer les conséquences est une menace contre l'unité de la famille. Pourtant, l'Islam n'a jamais encouragé le passage à tabac de la mère de ses enfants. D'autres voix ont décidé, dans ce cas-là, d'une réciprocité dans la loi obligeant les femmes à se voiler et à ne plus s'exhiber dans les lieux publics. Pour eux, elle est la source principale des harcèlements et qu'il est préférable ou de la «tchadoriser» ou de l'enfermer à double tour dans la maison. Un autre député a eu la géniale idée de proposer l'extra-conjugale au mariage pour ne pas courir le risque de se retrouver devant la justice. Comprendre que frapper sa moitié conjugale est quelque chose de naturel qui ne doit pas être criminalisé. Mais ce qui peut paraître parfait ne l'est pas puisqu'en Algérie on ne fait pas les choses comme partout dans le monde. Une clause limite a été introduite dans le texte de loi puisque la notion de pardon peut mettre fin aux poursuites judiciaires. Quand on connaît l'environnement familial des épouses, surtout avec enfants et sans ressources, on se dit que cette loi ne peut pas leur servir à quoi que ce soit. Ainsi, si une femme se présente avec deux yeux pochés, les lèvres fendues, le maquillage refait et des côtes cassées et qu'elle absout son mari, ce dernier peut repartir libre de lisser sa moustache de chat. Même si le bilan médical est lourd, la sentence est allégée si sa femme consent à lui pardonner. Alors messieurs, battez vos femmes mais offrez-leur une fleur ou une bague en plaqué or, sinon menacez-les de répudiation et de la rue avec bagages et enfants. Mieux encore, prenez des maîtresses, si ce n'est déjà fait, aucune loi ne les protège, elles, et cognez dessus autant que vous pouvez, c'est toujours halal pour le moment. Entre 100 et 200 femmes meurent chaque année de violences familiales, selon des statistiques parues dans la presse.

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