Comment traduire sur le terrain, à l'échelon de la collectivité locale, le principe de la démocratie participative ? Le problème n'est pas aussi facile qu'il n'y parait à première vue. Certes, la volonté politique dans le sens de la mise au concret des principes et des textes de loi qui sont jusque-là une coquille vide -consacrant la participation des citoyens à la gestion locale est présente, elle est sincère et ne souffre d'aucune ambiguïté. Ce chantier politique a d'autant plus de chances d'aboutir qu'il a pour chef de projet un ministre qui a fait ses preuves dans tous les hauts postes de responsabilité qu'il a eu à occuper. Le groupe de travail engagé par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, en novembre 2014, afin de trouver les mécanismes permettant l'instauration de l'approche participative à l'échelle locale, avec à la clé une sorte d'assises locales pour la consultation de la base (élus-citoyens) à travers les 48 wilayas, est en soi une forme de consécration du principe de la participation citoyenne dans la vie politique et les affaires publiques en général, et la gestion territoriale, en particulier. La réunion de mercredi à l'Hémicycle du Conseil de wilaya d'Oran, avec une forte présence des assemblées élues locales, à l'instar des autres départements préfectoraux du pays, se voulait un « petit pas » pour aller de l'avant et poser les jalons de cette démocratie participative promue et promise par le président de la République, Abdellaziz Bouteklika. Mais comment cela doit-il être traduit dans les faits ? Certaines opinions plaidant pour la décentralisation au service du développement local mettent en avant la nécessité de « revoir les mécanismes institutionnels et le processus des décisions traditionnels et de les remplacer par une nouvelle approche de l'organisation administrative ». Quelques pistes sont notamment suggérées, à savoir « la coordination horizontale entre citoyens et élus, la promotion de la régionalisation et non le régionalisme, la formation et le recyclage des élus ». Il est à noter que seule cette dernière est actuellement en cours. Le MICL a ouvert le chantier de recyclage des élus locaux depuis une année et il n'est pas près d'être achevé. Le même ministère ainsi que d'autres départements ministériels sont en train de préparer de nouveaux mécanismes juridiques qui obligeront les élus à faire participer les citoyens dans la cogestion. C'est un début. « Bien évidemment, cette démocratie participative passe par l'amélioration des relations entre l'administration, les collectivités locales, les élus et les citoyens. Il faut un processus de longue haleine pour bâtir des relations pérennes entre administration et administrés et trouver un équilibre réel entre approche représentative et approche participative », a fait remarquer le wali d'Oran, Zâalane Abdelghani, qui a par ailleurs relevé un manque - voire une « défaillance » - dans la communication et l'information à l'égard des citoyens en matière d'efforts consentis par les pouvoirs publics dans la gestion locale et la prise en charge des préoccupations des citoyens. Il est donc impératif de mettre en place des dispositifs et des procédures (adaptés à la nature de la société algérienne) qui permettent d'augmenter l'implication des citoyens dans la vie politique et d'accroître leur rôle dans les prises de décision à l'échelle de leur collectivité. Par rapport à la démocratie représentative et à la démocratie directe, la démocratie participative se présente comme un système mixte dans lequel le peuple délègue son pouvoir à des représentants qui proposent et votent des lois, mais conserve cependant le pouvoir de se saisir lui-même de certaines questions. Elle est caractérisée par la concertation dynamique, sous forme de débats libres, relative à des décisions aussi bien à échelle locale que nationale (exemple : comités consultatifs, conseils de quartiers...), la mise en place d'un système organisé qui garantit que toutes les idées constructives et nouvelles des citoyens seront examinées de manière efficace. Un système de démocratie participative est d'autant plus pérenne que toutes les mesures décidées sont acceptables par la grande majorité des personnes concernées et vont dans le sens du «bien commun».