Quand la presse nationale «tuyautée» à dessein a commencé à étaler les affaires de corruption auxquelles ont donné lieu des passations de marché de l'entreprise Sonatrach et la réalisation de l'autoroute Est-Ouest, Bouteflika qui n'a pourtant pas pour habitude de s'exprimer à chaud sur les faits et évènements qui à un moment ou à un autre défrayent l'actualité nationale avait cette fois promptement réagi en se déclarant avoir été atterré et révolté par ces faits de corruption et promis que la justice du pays fera son travail. L'ampleur des scandales suscités par ces affaires a été telle que Bouteflika ne pouvait rester silencieux, d'autant que le déballage des tenants et aboutissants de ces affaires de corruption a fait apparaître qu'y auraient été mêlés des dignitaires du régime faisant partie du cercle de ses proches et que de ce fait leur implication l'éclaboussait peu ou prou aux yeux de l'opinion publique. La justice interpellée par le chef de l'Etat a incontestablement instruit avec célérité les deux dossiers et déféré devant ses tribunaux certains des mis en cause dans les révélations ayant eu trait à ces affaires de corruption. Ce qui n'a pas pour autant convaincu les Algériens que la justice est ce faisant passée. Toutes les arguties tendant à les convaincre du contraire n'ont suscité en leur sein que fin de non-recevoir et sarcasme sur ces procès dont ils ne retiennent qu'ils n'ont concerné sinon que des lampistes, du moins aucune des personnalités du régime dont les noms ont été cités comme ayant été acteurs et bénéficiaires des affaires de corruption jugées. Pour l'Algérien lambda, les procès de Sonatrach et de l'autoroute Est-Ouest n'ont été que des remakes du premier procès de Khalifa Bank en 2007 qui leur a donné à voir que les gens du sérail n'ont rien à craindre de la justice du pays. D'ailleurs, ils n'attendent rien du second procès Khalifa dont on leur insinue qu'il pourrait donner lieu à de fracassantes révélations de la part de l'inculpé vedette Abdelmoumen Khalifa à qui il est prêté l'intention de n'épargner personne parmi ceux qu'il dit avoir été mêlés aux magouilles sur lesquelles il lui est demandé de rendre compte. Plutôt que de percevoir les procès en question comme des actes de justice ayant permis de faire la lumière sur les affaires de corruption en cause, les citoyens n'y ont vu qu'un montage judiciaire destiné à disculper le pouvoir de l'accusation d'avoir fait preuve d'une permissivité sur le phénomène de la corruption devenue connivence avec ses délinquants dont les plus entreprenants sont dans sa proximité et s'y sont adonnés confiants de l'impunité dont ils bénéficient. Si le bilan politique, social et économique sur lequel sera jugée la période Bouteflika aux commandes du pays prêtera certainement à controverse, il y aura néanmoins unanimité pour imputer à son règne d'avoir été entaché irrémédiablement par le phénomène d'une corruption généralisée qui fait de l'Algérie un Etat que l'on fréquente certes pour les opportunités d'affaires qu'il offre mais en considérant avec mépris ses représentants. Quel gâchis pour un homme qui est revenu au pouvoir pour soi-disant faire relever leur tête à ses compatriotes.