Quand on entre dans la salle d'audience n°1 de la Cour de Blida, on s'étonne de trouver des places vides ou des gens qui entrent et qui sortent, des questions et des réponses faites presque de manière mécanique et même des gens qui somnolent. L'atmosphère est plutôt banale après les attentes de «révélations inédites et fracassantes» de Khalifa Rafik Abdelmoumène, nouvel arrivant au procès en appel. Le principal accusé a été entendu, le premier et a laissé sur leur faim les présents et tous ceux qui attendaient ce moment, pour une raison ou une autre. Khalifa a tout nié et n'a rien dit, ceux qui l'ont suivi ont répété ce qui a déjà été entendu en 2007, reconnaissant quelques accusations et niant toute implication dans l'affaire qui n'est plus celle du siècle. Après Khalifa, la salle n'était pas aussi pleine que prévu et l'intérêt porté à la question s'est amenuisé. FOUDAD ADDA : JE VOULAIS JUSTE TRANSFERER MON ARGENT PAR LE BIAIS D'UNE BANQUE ALGERIENNE Ce jeudi, l'audience débuta par le rappel de l'ancien directeur de l'Ecole de police de Ain Benian, Foudad Adda, accusé de corruption, escroquerie, falsification d'écritures officielles et administratives, abus de confiance et abus de pouvoir. Déjà la veille, il avait tout tenté pour se disculper et rejeter les charges retenues contre lui en affirmant qu'il avait des documents qui allaient l'innocenter. M. Foudad Adda est, entre autres, accusé d'avoir participer à placer, de par son poste de membre de la Mutualité générale de la police, des fonds de cette dernière dans Khalifa Bank en bénéficiant d'avantages comme des billets d'avion gratuits de Khalifa Airways'. Outre cela, l'intéressé aurait utilisé son poste pour bénéficier de lots de terrain à Ain Bénian, au profit de son fils et d'un parent. Concernant le dépôt de 600.000 euros ; à la banque Khalifa' puis leur récupération de manière frauduleuse, il déclara que cet argent était le fruit de 30 années de dur labeur et de privations. Il précisa qu'il lui a été conseillé de procéder au transfert de cet avoir par le biais du rachat d'une hypothèque d'une société algéro-espagnole qui n'a pas pu honorer ses engagements avec Khalifa Bank' et que cette opération était tout à fait légale. Questionné sur le local qu'il possède à Kharrouba, l'accusé a reconnu cette possession et affirme qu'il est utilisé comme fast-food par une personne à qui il l'avait loué. C'est en sa qualité d'ancien moudjahid qu'il a bénéficié de ce local. A la question du juge qui s'étonnait de voir un haut cadre de la Sûreté nationale s'occuper aussi de commerce, il précisa qu'il voulait s'occuper lorsqu'il prendrait sa retraite. Le prévenu déclara qu'effectivement ses trois enfants ont bénéficié de formations au sein du groupe Khalifa et qu'ils ont été, par la suite, recrutés au sein de Khalifa Airways. Revenant à la lettre adressée au ministre français de l'Intérieur de l'époque, Jean-Pierre Chevènement, Foudad Adda répondit que: « c'était juste une demande qui n'est jamais sortie de mon bureau ». Même les maisons qui ont été énumérées devant lui, l'accusé précisa que c'était son bien propre qu'il avait acquis, depuis fort longtemps grâce aux économies qu'il a faites. ALI AOUN EX P-DG DE SAIDAL : ON VOULAIT ME DEGOMMER' CAR J'AI REFUSE DE DEPOSER DE L'ARGENT A KHALIFA BANK' L'ex P-DG de SAIDAL, Ali Aoun n'a pas voulu changer sa déclaration initiale : « c'est une affaire montée, contre moi, de toutes pièces, pour me nuire et me faire perdre ma place à la tête de SAIDAL car j'ai refusé de déposer l'argent de SAIDAL à Khalifa Bank', malgré les instructions émanant du Fonds de participation » a-t-il déclaré lors de son audition, ce jeudi, par le tribunal criminel de Blida. Il rappelle avoir fait l'objet d'un blâme de la part de ses supérieurs, à cause de ce refus. Questionné sur le pourquoi de l'ouverture de quatre comptes au sein de Khalifa Bank', le prévenu déclara qu'ils appartenaient aux unités de distribution qui éprouvaient des difficultés à récupérer les créances détenues par ses clients dont 60 % payaient par chèque émanant de Khalifa Bank. Ali Aoun explique au tribunal qu'il a utilisé une technique imparable qui lui a permis de récupérer près de 60 millions de dinars. Quant au projet de partenariat entre PHARMAL, une filiale de SAIDAL, et le groupe Khalifa, il déclara qu'il était à l'avantage de PHARMAL puisque le groupe Khalifa devait prendre en charge le financement complet de la production d'une trithérapie pour les sidéens, la matière première devant même être importée de l'étranger sur les fonds du groupe Khalifa. Pour ce qui est du véhicule de marque Citroën C5 que le groupe Khalifa lui aurait offert, Ali Aoun déclare qu'il ne savait même pas que la carte grise de ce véhicule était à son nom et que six mois plus tard, quand il l'a su, il a demandé à son fils de le vendre et de rendre l'argent à Khalifa Bank. D'ailleurs, et selon ses déclarations, il a remboursé au liquidateur la totalité de la somme ayant servi à l'achat de la voiture, en plus des intérêts. C'est la même chose pour ce qui est de la carte d'accès au centre de Thalassothérapie qui, même établie à son nom, il ne l'a jamais vue et, par conséquent, jamais utilisée. TOUFIK DJEDIDI, EX DIRECTEUR DE L'AGENCE CNR D'OUM EL BOUAGHI : DEUX VOITURES ET DES AVANTAGES CONSEQUENTS POUR LE DEPOT DE 120 MILLIARDS DE CENTIMES Après le P-DG de SAIDAL, Ali Aoun, c'est l'ex directeur de l'Agence CNR d'Oum El Bouaghi, Toufik Djedidi, d'être appelé à la barre pour se voir signifier les charges de corruption, trafic d'influence, et perception d'avantages illicites après qu'il ait fait un dépôt de 120 milliards de centimes à Khalifa Bank. C'est Baichi Fouzi, le directeur financier de Khalifa Bank qui l'aurait convaincu de procéder à ce dépôt contre des intérêts de 12% surtout après que la Banque d'Algérie ait décidé de ramener les taux d'intérêt (donnés par les banques publiques) de 5,7 à 2 %. Il explique que le directeur financier l'a encouragé pour effectuer ce dépôt tout en le tranquillisant car ils pourront retirer l'argent dès que le besoin se ferait sentir. Questionné sur les deux voitures offertes' l'une pour lui-même et l'autre pour sa femme par Khalifa Bank, il déclara que c'était un achat groupé et qu'il a payé une avance de 45 millions de centimes. Quand le président lui demanda s'il pouvait prouver cela, il lui affirma qu'il n'avait aucun document l'attestant. REPRISE DU PROCES, AUJOURD'HUI ; SAMEDI Le président du tribunal criminel de Blida, M. Antar Menouar, essaie peut-être de terminer le procès avant le mois de Ramadhan car il a accéléré la cadence d'audition des accusés qui sont passés de 1 ou 2 à plusieurs par jour, en continuant aussi les audiences jusqu'à 20 h et en convoquant le tribunal pour, aujourd'hui, samedi.