Témoins et accusés continuent à défiler à la barre pour apporter leur lot de révélations au procès Khalifa. Un procès qui commence, d'ailleurs, à s'enliser dans les détails et qui risque de durer encore longtemps. Hier matin, c'était au tour de l'ex P-DG de la société d'architecture et de bâtiment, une filiale de Sonatrach, de passer à la barre. M. Mourad Zeryati dira que son entreprise n'a jamais reçu de demande de la part du groupe Khalifa pour effectuer un dépôt et qu'effectivement elle n'a jamais fait de placement à la banque Khalifa. Sur ce, la présidente de l'audience, Mme Fatiha Brahimi, interviendra pour lui demander pourquoi l'entreprise a refusé une offre aussi intéressante. "On avait de très bonnes relations avec la Banque extérieure d'Algérie (BEA)". Pour ce qui est des cartes d'accès gratuit au centre de thalassothérapie de Sidi Fredj, le témoin souligne qu'il a "bien reçu cette carte, mais je ne l'ai jamais utilisée". La présidente précisera que la carte lui a été donnée sans qu'un placement soit fait. Ensuite, c'était au tour du commissaire divisionnaire de l'Ecole de police de Ain Benian, Foudad Adda, d'être interrogé en qualité d'accusé. La juge lui demanda quelle relation il entretenait avec le groupe Khalifa. Il répondra qu'il est " une victime de la banque Khalifa. On m'a pris mon argent, et je n'ai aucune relation avec le groupe Khalifa". "J'étais un fonctionnaire de l'Etat", soulignera-t-il. Il a également révélé que "c'est un vieil ami, M. Zerouk, qui a loué une partie des locaux qu'il possédait aux abattoirs de Hussein Dey à la banque Khalifa, qui m'a conseillé de faire un placement dans cette banque". Avant d'ajouter qu'il était un client de la BNA. Mme Brahimi lui demandera d'où est-ce qu'il s'est procuré son argent. Sur ce l'accusé répondra : "Je gère les biens de la famille et j'ai déposé 2 milliards de centimes à Khalifa Bank qui m'a accordé un taux d'intérêt de 16% en 2001 pour un placement à terme de 5 ans". La présidente lui demandera s'il a déjà rencontré personnellement Moumène Khalifa. "Je ne l'ai jamais vu, et je le connaissais à travers les journaux", déclare l'accusé. La magistrate l'interrogera alors de quelle manière expliquer le fait qu'on ait trouvé la carte de visite de Khalifa dans son bureau. L'ex-commissaire répond à cela que "lors d'un voyage que j'ai effectué à l'étranger, j'ai rencontré M. Tayebi, responsable à Khalifa Airways qui m'a remis la carte de Abdelmoumène Khalifa". Avant d'ajouter qu'il avait "un compte en France à Marseille très exactement de l'ordre de 4 500 FF et à travers M. Soualmi j'ai su que Khalifa Bank avait un bureau en France. C'est comme ça que j'ai retiré mon argent de la banque Marseillaise pour confier à la banque Khalifa. J'ai signé à Soualmi un chèque en Algérie à Hussein Dey et il m'a remis une décharge. C'était pareil pour les deux autres fois seulement où les signatures se sont effectuées en France pour la somme d'un million et demi de FF contre un taux d'intérêt de 14% et un autre placement pour le même montant le même jour". M. Foudad avouera néanmoins qu'il a bénéficié de nombreux avantages dont les cartes d'accès gratuit au Centre de thalassothérapie de Sidi Fredj ainsi que de billets gratuits par Khalifa Airways. Dans l'après-midi, la juge a appelé, M. Ali Sadmi président de la Cosob, à la barre des témoins. Celui-ci indiquera qu'il connaissait, M. Sighli, directeur adjoint de l'agence Khalifa d'El-Harrach, puisque ce dernier travaillait au sein de la Cosob, en tant que chef de service, avant de rejoindre le groupe Khalifa. C'est ainsi, que la Cosob a fait deux placements importants à El-Khalifa Bank. Le premier d'un montant de 167 millions de dinars à l'agence d'El-Harrach et le second de 30 millions de dinars à l'agence de Bouzaréah. Il dira néanmoins qu'après le gel des opérations de commerce extérieur à El-Khalifa Bank, en 2002, la Cosob a entrepris des démarches pour récupérer ses avoirs. C'est ainsi que la totalité des fonds a été retirée des agences Khalifa en février 2003. M. Sadmi avouera, néanmoins, avoir bénéficié d'une carte d'accès gratuit au Centre de thalassothérapie de Sidi Fredj et s'en être même servi à plusieurs reprises.