Les opposants au secrétaire général du FLN appellent demain, lundi, à un rassemblement des militants devant le siège du parti à Hydra. L'instruction qui a été donnée par les groupes « unifiés » des dissidents au SG du FLN a vite fait le tour des rangs des militants. Goudjil, Belayat, et Abada veulent faire une démonstration de force (de persuasion) pour tenter encore une fois de faire plier Saadani et lui faire accepter l'idée de reporter le congrès. C'est donc demain, lundi, qu'ils prévoient de protester « contre cet état de fait » en appelant à l'aide les militants qui les soutiennent. Pour rappel, le SG a décidé unilatéralement que les 28, 29 et 30 mai prochains soient consacrés à la tenue du 10ème congrès du FLN. Il est clair que Saadani ne restera pas les bras croisés devant cette nouvelle tentative des opposants pour le faire reculer. Il tentera de renverser la vapeur en ramenant tous les militants à «sa cause.» L'on dit qu'il a lui aussi appelé pour ce même lundi les militants qui lui sont acquis à un rassemblement devant le siège pour contrebalancer les forces à son profit. Il a d'ailleurs bien pris les devants pour cela avant même que l'idée de cette journée de protestation ne soit retenue. En prévision du congrès, il a créé en l'espace de six mois 70 mouhafadha en plus des 50 existantes. « Il se retrouve aujourd'hui avec 120 mouhafadha qui lui sont toutes acquises puisqu'il a choisi lui-même les éléments qui doivent les animer, » nous dit un membre du Comité central. Il a aussi fait avancer l'idée, selon nos sources, de revoir à la baisse le nombre des membres du Comité central. « De 330, il pense les limiter à 200 et même à 127 membres, » nous disent-elles. «Il est persuadé que moins ils sont nombreux et plus ils sont faciles à gérer ; celui qui le conseille est loin d'être bête », reconnaissent nos sources. « Il est évident que le SG a fait en sorte de ne pourvoir les structures du parti que de nouveaux militants qui lui obéissent au doigt et à l'œil », affirment nos interlocuteurs. Ils disent même plus que «certains militants ont payé en monnaie sonnante et trébuchante pour figurer dans la composante du prochain Comité central, c'est dire qu'y être membre vaut son pesant d'or». Ils sont convaincus ainsi que « le SG ne fera même pas attention si ces militants ont bouclé ou pas dix ans de militantisme comme l'exigent les textes régissant le FLN, pour prétendre être membre de son CC. » Il n'a même pas à s'en inquiéter parce que, soulignent nos sources, «ces militants sont ceux de la dernière heure, il est impossible qu'ils aient comptabilisé plusieurs années au sein du parti ». Pour l'heure, nos sources affirment que le SG prévoit de tenir son congrès avec 5000 personnes. « Ce qui est énorme et une véritable garantie pour damer le pion à ses opposants », avouent ces membres du CC. L'on s'attend, en tout cas ce lundi, à une confrontation entre les pour et les contre Saadani. «Il est fort probable que la force publique interviendra pour rétablir l'ordre devant le siège même si on sait d'avance que les opposants au SG manquent terriblement de courage politique », nous expliquent-ils. A moins que le pouvoir leur facilite la tâche en procédant en premier, ajoutent-ils, « à la fermeture des ruelles menant au siège pour leur éviter même le déplacement ». On apprend d'ailleurs que le pouvoir a déjà pris partie et a, selon des membres du CC, « donné instruction pour que les opposants soient déboutés par la justice ». L'on rappelle qu'ils ont introduit il y a plus d'une vingtaine de jours une demande auprès du parquet d'Alger pour reporter la tenue du congrès. Déposée en référé, la demande devait être tranchée mercredi dernier par les instances judiciaires. Nos sources avancent la date du 27 mai prochain pour qu'elle le soit. Elle ne l'a pas été à ce jour en raison, pensent nos sources, de l'ambiguïté de la situation « ou alors juste pour faire durer le plaisir de l'agitation au sein d'un parti qu'il contrôle sur toutes ces facettes. » Il est avancé ainsi que « si les opposants voient qu'ils ont perdu la bataille, ils penseront sérieusement à créer un parti en parallèle, en tout cas, ce sera la scission totale au sein du FLN ». Les observateurs refusent de croire en une telle idée en étant persuadés que « les caciques ne lâcheront jamais le FLN parce qu'il est porteur de pouvoir et d'avantages multiples ».