Le Dr. Abdelhal Lamiri, économiste, expert et consultant, reste foncièrement positif sur les chances de l'Algérie de rebondir sur le plan économique. Pour cela, «il faut investir sur l'élément humain», préconise-t-il lors de son passage hier mercredi à la radio nationale. Investir dans la recherche en axant toute la stratégie de développement sur les ressources humaines est l'un des grands axes de reprise de l'économie nationale que propose le Dr. Lamiri pour passer sans encombres la phase actuelle, marquée par une chute des cours du brut, principale source des recettes d'exportation algériennes. Face à la chute des cours du prix de pétrole, il estime que c'est quelque part une chance pour l'économie algérienne pour qu'elle se redéploie sur les grands secteurs producteurs de richesse, en particulier l'agriculture. Pour le Dr. Lamiri, l'agriculture est en mesure de relancer les exportations algériennes avec, a-t-il préconisé, un soutien à la production des régions, ou production «locale», pour qu'elle soit orientée vers l'export. Il cite à ce propos l'exemple de la Chine dont 80% des exportations sont issues de la production locale. Et puis, il estime qu'il «faut arrêter de se faire peur, car l'Algérie possède les clefs du succès». Relance des investissements, lutte contre la bureaucratie, création d'incubateurs orientés vers l'émergence de managers et décentralisation de la prise de décision sont entre autres mesures qu'il propose pour l'émergence d'une économie saine, créatrice de richesses et de plus-value. Pour le Dr. Lamiri, tout doit être réalisé dans les dix prochaines années pour que l'Algérie devienne un pays émergent, avec une économie saine qui ne soit plus dépendante des hydrocarbures. Pour cela, il faut absolument, estime-t-il, miser sur l'élément humain en encourageant la création d'incubateurs qui devront produire les grands managers de demain. Il faut également une volonté politique forte pour encourager et soutenir une bonne gouvernance des projets de développement, relève-t-il, car, a-t-il prévenu, «si nous ne sommes pas compétitifs, c'est parce que nous souffrons d'un déficit managérial». Il propose dès lors une mise à niveau de la ressource humaine pour la redéployer dans tous les secteurs d'activités tout en installant des «structures de débureaucratisation» de l'économie algérienne. Précisant par ailleurs une décentralisation de la gestion des affaires économiques, il a affirmé que «l'Etat central ne peut jamais rien régler à lui seul», et l'Etat ou les pouvoirs publics doivent au contraire encourager le développement local et régional. Pour lui, «l'Etat doit avoir une vision», un programme, assumer son rôle de catalyseur du développement, tout en menant une lutte contre les nombreux dysfonctionnements observés en matière de management. Mais, pour que toute cette politique de remise en forme de l'économie nationale puisse réussir, il préconise la création d'une instance nationale, regroupant experts, décideurs, cadres et managers, chargée de réfléchir sur les grands chantiers futurs du pays. «Il faut que cette instance définisse ce qu'il faut faire, les objectifs, etc.», a-t-il dit avant de citer l'exemple de l'Inde qui est devenue un pays émergent grâce à la mise en place d'incubateurs d'idées et de propositions. «Cette structure fait cruellement défaut» en Algérie, a-t-il souligné. L'aide de la diaspora algérienne dans cette stratégie est souhaitable, a-t-il relevé, avant d'insister sur le fait que la baisse des cours du prix du brut n'est pas une fatalité, ni une malédiction. Le Dr. Lamiri estime en fait que l'Algérie a les moyens de s'en sortir, à condition de revoir certains objectifs et de recadrer la ressource humaine, avec en parallèle une meilleure politique des investissements publics. Récemment, il avait estimé que «nous avons tout pour devenir un pays émergent dans dix ans, car nous avons les ressources humaines et matérielles pour cela, il faut juste améliorer ces ressources» avec des stages de recyclage.