L'Algérie dispose des moyens financiers pour émerger sur le plan économique pour peu qu'elle investisse dans "l'industrie du savoir", en priorisant le développement humain sur l'investissement dans les infrastructures, a estimé jeudi l'économiste Abdelhak Lamiri. "Nous avons encore les ressources financières pour atteindre l'émergence", a déclaré M. Lamiri au cours d'une conférence-débat consacrée à la présentation de son dernier livre "la décennie de la dernière chance" dans lequel il dresse un bilan sans complaisance de l'économie algérienne. L'économiste a indiqué que l'Algérie, confrontée actuellement aux incertitudes du marché pétrolier et à la baisse de sa production pétrolière, doit miser toute son épargne publique et ses placements à l'étranger pour atteindre cette émergence. "Il faut se donner de l'espoir. Avec les ressources financières dont nous disposons et nos capacités d'endettement on peut réussir. Si on rate cette décennie, je ne peux imaginer quel sera l'avenir de nos enfants", a-t-il dit. Pour atteindre cet objectif," le pays doit aller vers une économie de savoir", qui constitue, selon lui, la condition de réussite de toute politique économique visant l'émergence. Il a estimé, à ce titre, que la politique économique, basée sur le développement des infrastructures, menée depuis une décennie par l'Etat, n'a pas donné ses fruits en matière de croissance en dépit des centaines de milliards de dollars dépensés dans le cadre des plans quinquennaux de relance économique. C'est que la relance économique, a-t-il poursuivi, a besoin "d'une industrie du savoir, qui doit être menée par des entreprises en mesure de moderniser la gestion de tous les secteurs économiques, y compris l'éducation et la santé. Or, en Algérie, l'Etat a mené sa politique de développement économique sans ces entreprises qui sont "les fondamentaux de l'émergence", a-t-il expliqué, citant à ce propos l'exemple de la Chine qui a créé 2.000 instituts supérieurs pour recycler ses cadres avant d'atteindre son niveau de développement actuel. "Peut-on lancer une relance dans un pays qui n'est pas préparé", s'est-il interrogé, en relevant que l'Algérie a "mis beaucoup d'essence dans un moteur défectueux". L'absence des fondamentaux de la réussite a donné lieu à des rendements maigres en matière d'investissement. Grâce à une ressource humaine qualifiée et un management de qualité, la Chine engrange actuellement jusqu'à quatre milliards de dollars pour un milliard de dollars investi, alors qu'en Algérie, il faut investir quatre milliards de dollars pour réaliser un milliard de bénéfices, a-t-il argumenté. M. Lamiri a soutenu qu'il était impératif d'aller vers un développement décentralisé, d'encourager le financement de l'investissement productif et de revoir l'organisation de l'Etat en optant pour une coordination renforcée entre les cellules de stratégie des ministères.