« Ramadhan ou pas, nous resterons cloués ici, à même le sol jusqu'à ce qu'on nous trouve une solution à notre problème », ont répondu sur un ton violent les quelques dizaines de commerçants du Souterrain sinistré qui ont bloqué hier matin la rue Kennedy, face au cabinet du wali. Assis sur l'asphalte brûlant, ces commerçants à bout de nerfs ont bloqué la circulation des véhicules, et les klaxons de la file de voitures immobilisées n'a fait qu'accroître la tension déjà régnante. « On ne vous demande pas d'arrêter votre mouvement de protestation, on vous demande seulement de dégager la route, c'est le ramadhan, ne pénalisez pas les gens qui n'ont rien à voir avec cette histoire », dira un policier pour les calmer. Les cris de protestation revinrent alors de plus belle « et notre ramadhan alors ? On est au chômage depuis le mois d'avril, et au lieu de nous aider, l'OPGI ajoute à nos ennuis », ont répondu révoltés les commerçants. Ce n'est qu'après un quart d'heure que les protestataires résignés ont accepté de dégager la route et d'attendre au niveau de l'esplanade de l'arrêt du tramway, alors que cinq de leurs représentants sont entrés au cabinet du wali. « On a accepté de payer à 40.000 DA le mètre carré acheté dans les locaux de l'UV 16, maintenant l'OPGI exige carrément le double, soit 80.000 DA », nous dira l'un des commerçants. « C'est pas du tout logique qu'on soit indemnisé de cette manière, nous sommes des locataires, pourquoi on nous oblige à acheter ? », se demande un autre qui renchérit « si on avait les moyens d'acheter un local à ce prix, on ne serait pas resté dans le souterrain ». Pour rappel, un accord a été trouvé. Il consiste en l'exploitation comme locataires de 96 locaux bien situés sur la grande route, à l'UV 16. L'accord s'est transformé par la suite en une proposition d'achat sur une durée de cinq ans où le loyer serait introduit, à condition de payer cash la moitié du prix « un local de 50 mètres carrés, exigera donc une avance de pas moins de 200 millions de centimes, avec toutes nos pertes, où pourrait-on trouver telle somme ? », se lamente un autre. D'autres alternatives ont été proposées, celles d'exploiter des locaux qui se trouvent à l'intérieur de cette UV, des locaux qui ont provoqué l'ire des 106 commerçants déjà révoltés. « Ce sont des caves tout bonnement ; qui viendrait nous voir ici ? toute Constantine et les villes voisines, même les wilayas limitrophes, venaient au marché du Souterrain, il n'y a que les murs et la tuyauterie, et c'est pas encore donné, ces locaux vétustes sont proposés en location, à 3000 DA le mètre carré», ironise un autre.