Qui se souvient de Mohammed al-Durah, ce Palestinien de 12 ans tué par balles israéliennes alors que son père tentait de le protéger, lors d'échanges de tirs entre les forces de sécurité palestiniennes et Tsahal, le 30 septembre 2000, au début de la seconde Intifada ? La vidéo, émouvante, d'un père essayant vainement de protéger son fils avait fait le tour du monde mais la propagande israélienne aidée par une France médiatique et politique inféodée parviendra jusqu'à remettre en doute la véracité des images, noyant le mort dans un flot de polémiques stériles. La mémoire collective s'est effacée, s'estompant par la force d'une loi non écrite qui impose aux télévisions de ne plus diffuser la lente agonie de Mohammed. Personne ne se souvient de lui, sauf ceux qui sont directement concernés par cette mort. Vendredi dernier, Ali Saad Dawabsha, un bébé de 18 mois, a péri brûlé vif dans l'incendie de sa maison. Un feu provoqué selon la police par des colons israéliens. Ses parents ainsi que son frère de quatre ans se trouvent actuellement entre la vie et la mort. Colère et consternation, marche et contestation et d'autres Palestiniens de tomber sous les balles assassines des soldats israéliens. Mahmoud Abbas, le président contesté de l'Autorité palestinienne, apparaît à la télévision. Image pathétique d'un demi-président qui menace Israël de la Cour pénale internationale. Personne ne croit Mahmoud Abbas et surtout pas les Palestiniens qui connaissent le mieux le parcours d'un homme resté au pouvoir par la seule grâce des Israéliens. Malgré l'assurance de Tel-Aviv que justice serait faite, Mahmoud Abbas a exprimé ses doutes, évoquant un nouveau «crime de guerre». Une réaction minimale avec tous les antécédents de l'Etat hébreu concernant la justice. L'Autorité palestinienne semble avoir la mémoire courte ou sélective, c'est selon, car les quelque 400 enfants assassinés par Tsahal à Ghaza en 2014 demandent toujours justice. Une justice que personne ne leur rendra surtout pas Israël dont l'armée avait annoncé en juin dernier qu'elle abandonnait les poursuites dans l'enquête sur la mort de quatre enfants, âgés de 9 à 11 ans, fauchés par un missile sur une plage très fréquentée de Ghaza, en plein conflit de l'été dernier, alors qu'ils jouaient au football. Pourtant, fait rare, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a dénoncé dans la mort de Ali Saad Dawabsha un acte «terroriste». Alors même que les Arabes musulmans passent leur temps à se massacrer impunément, des milliers de personnes se sont rassemblées samedi soir sur la place Rabin de Tel-Aviv pour dénoncer cet acte de barbarie.