Le mouvement de colère provoqué par la mort d'un adolescent palestinien enlevé près de Jérusalem a gagné samedi des villages arabes en Israël, où des violences ont éclaté. Les premiers résultats de l'autopsie de Mohamed Abou Khoudaïr, Palestinien de 16 ans tué par des inconnus dans la nuit de mardi à mercredi, montrent qu'il a été brûlé vif, a déclaré le procureur général palestinien. «Des brûlures causées par le feu et leurs complications sont la cause directe de la mort», a déclaré Mohamed al Aoueoui, le procureur général palestinien, cité par l'agence de presse officielle palestinienne Wafa vendredi soir. L'enlèvement de l'adolescent dans son quartier de Jérusalem-Est et la découverte, quelques heures plus tard, de son corps dans une forêt de la ville ont contribué ces derniers jours à la montée des tensions israélo-palestiniennes, déjà à vif après le meurtre de trois jeunes Israéliens enlevés le 12 juin et dont les corps ont été retrouvés lundi en Cisjordanie. Saber al Aloul, le directeur de l'institut de médecine légale palestinien, a assisté à l'autopsie pratiquée par des médecins légistes israéliens à Tel Aviv. Il a expliqué que le corps de l'adolescent était brûlé à 90% et que des cendres avaient été retrouvées dans le système respiratoire de l'adolescent, preuve selon lui que «le garçon a inhalé ces matières alors qu'il était brûlé vif». Vendredi, des milliers de Palestiniens avaient assisté aux funérailles de Mohamed Abou Khoudaïr, en scandant «intifada, intifada» pour appeler à nouveau soulèvement contre Israël. Visée par des jets de pierres, la police israélienne avait alors riposté à l'aide de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de balles en caoutchouc. Les affrontements se sont poursuivis dans la nuit de vendredi à samedi en Cisjordanie et un Palestinien au moins a été blessé à Naplouse, a-t-on appris de sources médicales. La contestation s'est répandue samedi en Israël dans des secteurs arabes habituellement calmes, essentiellement le long des routes du centre et du nord du pays où des manifestants ont jeté des pierres et des bombes incendiaires contre les voitures passant devant eux. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées en raison de ces violences, a dit une porte-parole de la police. A un endroit, un automobiliste juif a été sorti de force de son véhicule et obligé de fuir puis sa voiture a été incendiée. Ailleurs, une femme a été légèrement blessée par des pierres lancées contre sa voiture. Des responsables palestiniens ont déclaré vouloir empêcher le déclenchement d'une nouvelle intifada après le regain de tension créé par la mort des trois jeunes Israéliens, qui a suscité l'indignation générale dans l'Etat hébreu. Israël impute au Hamas la mort des trois adolescents israéliens. Le mouvement islamiste n'a ni confirmé ni démenti son implication dans leur assassinat. Les Palestiniens, y compris le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, affirment de leur côté que Mohamed Abou Khoudaïr a été victime d'un acte de vengeance perpétré par des extrémistes de droite israéliens. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dénoncé «un meurtre répugnant». La tension reste vive également le long de la frontière entre Israël et la bande de Ghaza, fief du Hamas. L'aviation israélienne a bombardé trois sites du mouvement islamiste en représailles à des tirs d'obus de mortier et de roquettes contre l'Etat hébreu. Deux policiers palestiniens ont été blessés dans un raid ultérieur, selon des sources médicales à Ghaza. Aucune victime n'a été signalée dans la quinzaine de tirs de roquettes en territoire israélien. Un des projectiles a été abattu par le système d'interception Dôme de fer au-dessus de Beersheba. C'est la première fois depuis 2012 qu'une roquette est ainsi interceptée au-dessus de cette grande ville du sud d'Israël.