Parler des questions internationales, notamment à partir du Proche-Orient, relève soit du domaine de la connaissance du terrain à travers des actes et actions quotidiens, notamment par les acteurs y contribuant, soit du domaine de la recherche en la matière. L'accord signé à Vienne entre l'Iran et les cinq grandes puissances mondiales, le 14 juillet dernier, a suscité tant de positions et de réactions controversées, de part et d'autre. Il est certain d'évoquer, en ce sens, l'un des problèmes régionaux qui touchent le Moyen Orient, après avoir arraché un accord des grandes puissances mondiales. Celui-ci autorisant l'Iran de passer d'un Etat normal à un Etat puissant. Cette ambition nucléaire a été évoquée depuis bien longtemps, sous le Shah d'Iran, dès les années soixante-dix. Mais la sécurité régionale reste-elle menacée ? Pourquoi l'Iran obtient-il un accord après avoir subi l'embargo économique et l'isolement diplomatique, pendant des années? Et la négociation avec les grandes puissances du monde a débouché, en fin de compte, sur son rêve. Ce passage reflète-t-il un tel développement interne malgré l'arrivée des Ayyatollah' au pouvoir ? La course sera, sans doute, intensifiée entre trois pôles majeurs, dans la région, dans les années à venir qui sont : l'Iran, Israël et la Turquie. Mais ce qui est important de souligner, dans cette perspective, c'est comment l'Iran a été autorisé enfin, à devenir une puissance nucléaire ? Est-ce une manœuvre géopolitique pour faire créer la peur auprès des Etats du Golfe, qui ne digèrent pas qu'il y ait puissance nucléaire qui s'appelle l'Iran ou bien pour faire isoler les monarchies du Golfe, afin de créer, entre elles, ce désir, pour le devenir du projet nucléaire dans la région et ses retombées ? C'est là le nœud du problème que posent certains ennemis de Téhéran. Pourquoi les anciennes thèses ont été, toutes, mises au terroir, malgré tout ce qu'on a dit sur l'Iran, en l'associant au terrorisme international. Y a-t-il un tournant géopolitique dans la prise de décision américaine ? Rien n'est sûr que certains pays du monde musulman tels que le Pakistan, la Turquie et l'Iran s'activent d'autant plus que le monde arabe, alors connu sous sa crise, sinon par la guerre civile en Syrie, Irak, Libye et Yémen, etc., qui ne lui permet pas d'accéder à un certain développement réel et affectif. Ainsi, s'ajoute la création de l'Etat islamique qui menace, nouvellement, par ses avancées militaires territoriales, la majorité de ces pays. Du point de vue militaire et stratégique, l'environnement régional est-il propice ? Le monde arabe est concerné de près, comme de loin, de cet accord, notamment, après avoir impliqué, aussi bien l'Arabie Saoudite, ainsi que l'Egypte, dans des faux-problèmes. La première est entraînée au Yémen pour lutter contre les bases chiites des Huttais, tandis que la seconde se détourne, sous le président Sissi, de réduire l'influence du mouvement des Frères musulmans. Sachant que ce pays a raté son décollage nucléaire avec Sadate. Or, les deux pays n'arrivent, donc, pas à accéder à la bombe atomique. Echec ou fuite en avant du monde arabe ? S'intéresser aux problèmes de la sécurité, c'est éviter, aussi, d'être pris en otage dans des faux-problèmes. La question de la sécurité nationale ou régionale, voire mondiale constitue un aspect inclus dans la programmation de la politique publique. Autrement dit, c'est un sens du cadre de vie générale, qu'on donne à la politique, pour ne pas répéter ou consommer l'échec qui déboucherait, en effet, sur l'entité sociale et l'état politique de chaque pays quiconque, en lui facilitant son effondrement, de son intérieur. Par conséquent, il faut lier non pas l'Iran à la conjoncture actuelle portant la carte géopolitique moyen-orientale mais plutôt au contexte global de la région. Celle-ci devient une région très instable qui lui faut encadrer, en dehors d'Israël par d'autres nouvelles puissances comme étant des nouveaux facteurs (New Actors) pour assurer la sécurité de la région entière. Ainsi, il faut rappeler que l'Iran a réussi, après avoir traversé un grand marathon, à acquérir un statut nucléaire lui permettant de devenir une puissance, contrairement à ce qui a été dit, contre la République islamique d'Iran, aussi bien, dans les coulisses que dans la presse internationale, rejoignant, enfin, le foyer nucléaire. En pleine lutte contre le terrorisme, l'Iran veut être une puissance en devenant un allié de Washington, dans la région, contrairement à la Turquie, par exemple, qui a échoué pour pénétrer l'Union européenne. Quoi qu'il en soit, l'Iran a réussi sa négociation dont on ignore l'accord tacite débouchant sur l'accord officiel et définitif avec les Etats-Unis notamment pour lui-même, avant, la région ensuite, et le monde après. Le monde a-t-il besoin d'un Iran comme un pôle religieux du chiisme? Il constitue un acteur déterminant dans la région après avoir été impliqué dans cinq pays arabes où se trouvent des communautés chiites a fortiori au (Liban, Syrie, Irak, Yémen, Bahreïn, etc.). Une démonstration, aussi bien militaire, qu'idéologique lui permettant de montrer ses capacités, afin de devenir une puissance régionale. Mais la question fondamentale qui se pose c'est quelle est la nature de ce fameux accord ainsi que sa dimension stratégique et militaire dans la région ? Le chiisme est en plein essor par rapport au sunnisme qu'on lui colle souvent les étiquettes du terrorisme notamment avec Beladen, à travers la Qaida. Cet accord veut-il accélérer la course entre les deux ailes de l'Islam afin d'intensifier les guerres internes au service d'Israël ? L'administration Obama veut tabler sur la pacification des rapports de force, au niveau mondial, dont beaucoup de sujets n'ont pas été réglés sous sa direction, notamment les problèmes palestinien, irakien, syrien, yéménite, etc., ce n'est que pour citer ceux, en liaison avec la région. Difficile de trouver un compromis externe si les adaptations internes n'ont pas été faites, en réalisant un certain équilibre national. L'équilibre régional est important pour lequel les puissances régionales ou internationales se mêlent pour assurer leur sécurité nationale, suite à leurs répercussions sécuritaires. Car il faut bien distinguer l'acquis que l'Iran aurait obtenu suite à cet accord nucléaire et Israël qui ne veut ni reconnaître ses armes nucléaires ni cesser de se monter innocent face à l'Iran. Le problème n'est pas là car Israël ne veut pas avoir un concurrent potentiel, en Proche-Orient, dominant la région entière pour son intérêt premier après avoir fait croire que l'Iran est un ennemi à abattre mais qu'il n'a pas le droit d'y accéder dit tout. C'est pourquoi Israël a réagi inlassablement et sans relâche à travers ses lobbies, dans le monde, contre l'Iran, sous prétexte que si ce dernier aurait le nucléaire, la région va entamer une course ouverte pour y accéder. Est-ce un échec ou une progression que l'Amérique veut élargir le champ de la vision stratégique dans la région ? Qualifiée d'erreur historique par Netanyahou, lors de la signature de cet accord, la position d'Israël reste mitigée. L'équilibre des forces dérange Israël de façon à ce que la région entame soit un cycle de puissance rigide, soit une déstabilisation généralisée alors contrôlée par son pouvoir lié à l'Amérique. Cette reconnaissance ouvre envie et réflexion, à la fois, pour penser le devenir de la région, notamment, auprès des décideurs politiques et militaires arabes. Car elle marque, effectivement, un tournant décisif dans les années à venir, si les choses ne sont pas prises en main. Le destin de la région demeure incertain. Cet accord qu'a arraché l'Iran est plutôt favorable aux Etats-Unis, notamment, en matière de l'équilibre des forces entre Israël, l'Arabie saoudite et l'Iran, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Toutefois, l'Amérique a besoin de nouveaux alliés suite à la conjoncture mondiale où la sécurité exige beaucoup d'intégration aussi bien régionale que nationale, notamment pour peser, lourdement, dans les rapports de force, en ce qui concerne la vague de déstabilisation, frappant en plein fouet, certains pays de la région. L'Iran se constitue, selon la thèse américaine, comme un bon interlocuteur sur lequel il faut compter, en lui fournissant la sécurité régionale et la paix mondiale afin de maintenir l'ordre planétaire globalisé. A quoi s'ajoute que le nationalisme est très fort chez les Iraniens, rétorque une sociologue iranienne. Or cet accord ne fait qu'accélérer le processus, soit de la paix, soit de la guerre, dans la région suite à son environnement si fragile soit-il. Enfin, il y a une urgence stratégique qui a fait réagir Washington, en dehors du chaos géopolitique que cela implique, mais qui divise la région à travers ses pays, ses populations et ses Etats. Loin de cette série de turbulence dont l'Iran veut se protéger par le nucléaire, en préférant « les activités civiles et politiques pacifistes », selon la même source iranienne. Car l'enjeu est de taille, face à une crise financière mondiale qui frappe, par conséquent, l'Europe et menace l'Amérique devant la Chine qui intensifie sa montée significative dans le monde. Mais si les intérêts économiques et les considérations stratégiques sont à l'ordre du jour suite à l'emprise de la doctrine libérale que la stabilité politique et la croissance économique sont intiment liées, dans une perspective mondiale, au moins qu'on puisse le dire. Or la gestion des relations internationales commence à partir de la balance des équilibres régionaux pour lesquels l'Amérique mise, énormément pour aller vers l'avant. Quant à la France, elle se précipite, dès l'annonce de l'accord, pour multiplier ses déclarations, aux services de ses ministères, au Midef, vers Téhéran pour s'implanter dans le marché iranien, en course avec les Allemands, pour cette destination. * Enseignant et chercheur