Dans le conflit syrien l'on s'achemine vers un nouveau round de pourparlers entre le régime de Damas et l'opposition syrienne à l'étranger ayant l'appui des chancelleries occidentales et de puissances régionales. C'est du moins ce que fait entrevoir le plan de paix pour la Syrie adopté une fois n'est pas coutume ce lundi dernier à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU. Ce plan est probablement le résultat des tractations multiples auxquelles se sont adonnées ces dernières semaines les parties internationales soutenant l'un ou l'autre camp syrien en conflit. Il se pourrait donc qu'il sortirait de cette reprise des pourparlers intersyriens une solution acceptable pour les deux camps pour peu évidemment que ne soient pas imposés pour la reprise des pourparlers les préalables et exigences qui ont fait échouer leurs précédents rounds. Or et bien que le plan adopté par le Conseil de sécurité ne pose aucune condition de ce genre à leur reprise, il apparaît que des Etats, l'Arabie Saoudite et la Turquie, ne se satisferont pas de négociations intersyriennes qui ne déboucheraient pas sur le départ irrévocable du président syrien Bachar El Assad. Comme s'ils ont voulu se démarquer par avance du plan onusien qu'ils savaient en train de s'ébaucher entre les Etats-Unis d'une part et la Russie et l'Iran de l'autre, Ryadh et Ankara ont quelques jours avant la réunion du Conseil de sécurité consacrée au plan de paix pour la Syrie annoncé péremptoirement qu'aucune solution au conflit dans ce pays n'est envisageable pour eux sans la disqualification et le départ du président syrien. Il est par conséquent à craindre que ces deux puissances agiront pour faire capoter la reprise annoncée des pourparlers intersyriens en confortant dans son intransigeance l'opposition syrienne à l'étranger et les forces combattantes censées agir en son nom sur le terrain. Contrairement aux Etats-Unis et aux autres puissances occidentales qui tout en demeurant anti-Bachar El Assad se sont convertis au réalisme consistant à admettre que l'exigence du départ du président syrien est chose impossible à obtenir au vu du rapport de force dont est faite la réalité sur le terrain, l'Arabie Saoudite et la Turquie campent sans nuance sur ce préalable. C'est que pour ces deux Etats, le maintien d'El Assad à la tête de la Syrie même avec l'assurance que leurs protégés syriens seront appelés à jouer un rôle significatif dans la définition de l'avenir de leur pays, contrecarre leur agenda politique et géostratégique respectif qui détermine leurs positions et agissements dans le conflit syrien. Peu leur chaut la poursuite de ce conflit si sa solution ne converge pas vers la réalisation de leurs desseins respectifs. Pas même au constat que dans ce conflit est apparu un autre protagoniste qu'est l'organisation terroriste Daech dont le but n'est pas uniquement de faire tomber le régime syrien mais de s'en prendre à tous ceux des autres Etats de la région y compris en Turquie et en Arabie Saoudite. Avec Erdogan l'on a à faire à un homme d'Etat aveuglé par la haine toute personnelle qu'il voue au président syrien et avec les émirs saoudiens des gens qui sont mus par la peur panique qu'ils ont de voir l'Iran dont El Assad est l'allié supplanter leur monarchie en tant que puissance régionale.