Une vingtaine de travailleurs de la Société d'exploitation du tramway de l'unité de Constantine se sont donné rendez-vous, hier, devant le siège de l'inspection du travail pour dénoncer le «harcèlement» et les «abus» de l'administration. «Nous avons été destinataires de deux questionnaires et d'un préavis de sanction (sic) à cause de notre participation à la grève collective, entamée dans l'après-midi du 5 juillet dernier et qui a duré une dizaine de jours», s'insurgent les travailleurs concernés (12 conducteurs de rames, 4 agents de vente et 4 contrôleurs). La réaction de l'administration deux mois après le débrayage est qualifiée de sournoise. «Il est vrai qu'aucun PV n'a été établi à la suite des négociations, entre les grévistes et l'administration, qui ont mené à la suspension de la grève, mais je vous assure qu'on s'est mis d'accord sur le principe qui dit qu'il n'y aura pas de sanction contre les grévistes. On devait seulement procéder à la retenue sur salaire des journées de grève, à raison de deux jours par mois, laquelle ponction a été appliquée dans l'immédiat, mais on a été surpris par ces questionnaires et ce préavis de sanction deux mois après le débrayage collectif», nous a expliqué un agent ciblé parmi ce lot de 20 travailleurs. Ces derniers exhiberont les deux questionnaires qui exigent une réponse dans les 48 heures, et sur lesquels on pouvait lire, «pourquoi vous avez participé à la grève collective», «vous n'avez pas respecté les clauses du contrat», et un préavis de sanction suspendu au-dessus de leurs têtes telle une épée de Damoclès. «La grève est collective, elle a été déclenchée au niveau des trois unités de la Setram par le syndicat d'entreprise et elle a connu une participation massive des travailleurs aussi bien à Constantine qu'à Oran et Alger, pourquoi alors on dresse des questionnaires pour 20 agents seulement ?», s'interrogent avec pertinence les agents «ciblés». Pour eux, les agissements de l'administration sont d'une «sournoiserie inqualifiable», presque une «rancune» indigne de gestionnaires qui chercheraient à instaurer la stabilité au sein de la société, laissent-ils entendre. Car, dans le fond, estiment nos interlocuteurs, ces questionnaires «abusifs» sont venus revivifier le malaise social qui affecte les relations entre les travailleurs et l'administration. D'un autre côté, affirment nos interlocuteurs, les relations entre les travailleurs eux-mêmes sont devenus exécrables, à cause de la pression exercée par l'administration et dont le système de gestion a divisé les rangs des travailleurs. «Cela se répercute immanquablement sur le rendement de la société, vu la démission morale vers laquelle ont été confinée les travailleurs», assure-t-on. On parle d'un «climat dégradée» au sein de l'entreprise avec ces représailles contre les travailleurs grévistes, non sans évoquer le cas de l'ex-secrétaire générale de la section syndicale qui s'est vu infliger une sanction de deux mois de mise à pied, suivie immédiatement par le non renouvellement de son contrat de travail. L'affaire sera portée devant les tribunaux, comme tant d'autres affaires qui suivront, si l'administration persiste à suivre la voie de «l'élimination ou le licenciement des éléments gênants», soutiennent nos interlocuteurs. Selon un avis de l'inspection du travail, qui tente de régler ces nombreux conflits individuels à l'amiable, de pareils agissements «ne sont pas conformes à la réglementation». Selon des informations sûres en notre possession, la Setram s'apprêtait à licencier 80 travailleurs parmi les grévistes au mois de juillet dernier, ayant en cela introduit une offre d'emploi auprès de l'Anem pour le recrutement de cet effectif, une offre du reste retirée après la reprise de travail. Et les séquelles de la dernière grève générale qui a paralysé la Société d'exploitation des tramways (Setram) à Constantine, à Oran et Alger, laquelle grève a été pour rappel déclenchée dans l'après-midi du 5 juillet 2015 et qui s'est prolongée sur une dizaine de jours à Constantine particulièrement, sont apparemment toujours là. «Notre discours n'a pas changé. Nous considérons la grève illégale et tous ceux qui ont participé au débrayage sont passibles de sanctions, c'est ce qui a été annoncé au moment de la grève et c'est la procédure qu'on applique maintenant», nous dira, hier, la responsable de la communication de la Setram. Rappelant dans ce contexte que la Direction générale de la Setram a aussi annoncé ou promis de lancer les négociations autour de l'élaboration de la convention collective à l'issue du dernier débrayage, «hélas deux mois après, rien n'a été entrepris dans ce sens !», comme le soulignent nos interlocuteurs.