Inaugurée en 2007 dans le cadre d'un partenariat entre le groupe pétrolier Sonatrach (30%) et une entreprise chinoise China National Petroleum Corporation (70%), la raffinerie d'Adrar, d'une capacité de production relativement modeste de 600.000 tonnes par an destinée au marché local, vient de tomber en panne ces derniers jours et cela pour la seconde fois au cours de l'année en cours. Le premier arrêt, intervenu au mois d'avril 2015, a pu être réglé grâce à l'intervention de techniciens de la maintenance de la raffinerie de Skikda, sollicités en urgence. Forts de l'expérience capitalisée au sein du complexe de raffinage de Skikda, ces derniers réussissent, au bout de 25 longues journées d'efforts, éloignés de leurs foyers et dans des conditions climatiques particulièrement difficiles, à remettre en marche la machine, au grand bonheur des responsables de la raffinerie d'Adrar. Fin du premier acte. Pourtant vers la fin du mois d'août 2015, cette raffinerie retombe en panne et encore une fois c'est aux mêmes techniciens de Skikda qu'on fera appel. Pourtant ces derniers n'ont pas vu du même œil leur rappel et ont émis des réticences à renouveler leur précédente expérience au bout de laquelle, au lieu d'être remerciés, ont vu des vertes et des pas mûres. Ils se sont rappelés la mésaventure qu'ils ont vécue puisque certains d'entre eux ont dû rentrer chez eux à leurs propres frais, par bus pour effectuer un trajet de plus de 1.600 km séparant Adrar de Skikda, et un voyage pénible de 3 longues journées. C'est tout dire des appréhensions de ces cadres au sujet de leur prise en charge et jusqu'à présent rien n'indique qu'ils accepteront facilement de refaire le déplacement pour «aller au chevet» de la raffinerie d'Adrar et cela ne manquera pas de prolonger l'arrêt de la production et la baisse des capacités de raffinage. Pour la Sonatrach, cette panne technique tombe mal et coïncide avec un autre souci plus sérieux, à savoir la panne de la raffinerie d'Alger qui faisait l'objet d'un projet de réhabilitation qui n'a pas pu être mené à terme. En effet, le groupe français Technip, qui a remporté au mois de septembre 2010 le marché d'un montant faramineux de près de d'un milliard de dollars pour la réhabilitation et la modernisation des capacités de production de la raffinerie d'Alger, damant le pion à des compagnies sud-coréennes GS Engineering & Construction, Samsung Engineering et Hyundai Engineering-Construction, n'a pas respecté les clauses contractuelles. A l'époque, le marché signé en grandes pompes par les responsables de Sonatrach et de Technip devait s'achever dans un délai de 38 mois. Pour l'ancien PDG de Sonatrach, «ce marché devait donner un second souffle aux raffineries et les porter aux normes et standards mondiaux». Or, près de cinq ans après, la raffinerie d'Alger n'a pas été encore réhabilitée par Technip France faisant sortir de ses gonds l'actuel ministre de l'Energie, M. Salah Khebri, qui, lors de sa visite d'inspection du mois de juillet 2015 au niveau du projet de modernisation de la raffinerie de Sidi Arcine non loin d'Alger, a constaté que les travaux étaient au point mort et décida dans la foulée de retirer le projet à Technip pour manquements à ses obligations. Le retard de Technip était à l'origine d'un lourd préjudice financier pour Sonatrach au sujet de laquelle il a assuré qu'elle «a devancé Technip et avait déjà déposé le dossier en arbitrage (international). C'est un différend commercial qui doit se régler entre Sonatrach et Technip. Ce qui nous intéresse, c'est que la raffinerie entre en production». Pour revenir à la panne proprement dite, il semblerait que la raffinerie d'Alger a été confrontée à un gros problème de qualité de l'essence produite dont l'indice d'octane (qui permet un allumage du moteur sans intervention de la bougie), était en train de baisser et l'imminence d'un arrêt total planait dans l'air. Pour pallier à ce problème et redémarrer les unités, deux solutions restaient envisageables, à savoir, une régénération du catalyseur ou bien son remplacement pur et simple avec toutes les contraintes de perte de temps que cela suppose. Du coup, les capacités de raffinage se retrouvent diminuées mais, fort heureusement, cela ne devrait pas influer sur l'approvisionnement du marché en carburants puisque le déficit en production devrait être aisément compensé en partie par la raffinerie d'Arzew mais surtout par celle de Skikda. Cette dernière est en mesure, à elle seule, de compenser le déficit, grâce à ses 2 Reformings dont l'un vient à peine d'être remis en fonction, après une opération complexe de maintenance effectuée par les techniciens du RA1K, une opération menée auparavant par des firmes étrangères exclusivement, suite à une décision opportune et courageuse, faut-il le souligner, émanant de la direction du complexe car comportant des risques et bien que certains cadres ont tenté de l'en dissuader. Du coup, Sonatrach a frôlé la pénurie de carburants et le recours aux importations, en ces temps de vaches maigres. Touchons du bois