Dès lors qu'un personnage aussi insignifiant et de scabreuse réputation que l'est Amar Saadani a « osé » s'attaquer frontalement au général Mohamed Mediene alias Toufik, ou plus crûment « Rab Dzair » comme surnommé par la vox populi, il est clairement apparu pour les connaisseurs des arcanes du système que la toute-puissance terrorisante du patron du DRS n'était plus une réalité mais un mythe qui n'effarouchait plus que ceux qui le pensaient intouchable. Dès que Saadani s'en est pris au général Mediene sans subir de foudre vengeresse, le doute ne pouvait subsister sur le sort qui allait être celui de ce dernier à savoir qu'il allait être tôt ou tard remisé au placard. L'opération a pris du temps car en l'occurrence il y avait risque que « Rab Dzair » rue dans les brancards et qu'en résulterait une situation à haut risque pour le pays. Elle a emprunté des voies et a été exécutée par des méthodes auxquelles seul le système algérien a recours. Dans un premier temps ceux qui se sont mis en tête de pousser le tout-puissant chef du DRS vers la sortie ont appliqué à son institution la tactique de « l'effeuillage de l'artichaut » consistant à lui enlever les directions ayant fait sa force et sa toute-puissance et à les placer sous tutelle et de la présidence et de l'état-major. Ils se sont ainsi assurés que même si le patron du DRS n'en retire pas la conclusion qu'il lui fallait partir, ce qui lui restait en main pour s'opposer à son éviction programmée ne représente pas une force menaçante. Pour votre serviteur, il est apparu que le sort du général Toufik a été scellé quand le MDN a annoncé la mise à la retraite du commandant en chef de la Gendarmerie nationale Boustella promu depuis un mois à peine au même grade que Mediene. Chez ceux à qui il a fait part de son point de vue que cette mise à la retraite est un précédent qui a été créé pour faire apparaître « normale » et « régulière » celle qui sera signifiée dans les prochains jours à Toufik, il n'en a rencontré que répliques dubitatives sur la signification ainsi donnée au changement opéré à la tête de la gendarmerie. Pourtant la mise à la retraite de « Rab Dzair » est intervenue 48 heures à peine après celle de Boustella. Ils sont certes tortueux les chemins qu'emprunte le système pour évincer de ses centres de décision les dignitaires qu'il veut ainsi neutraliser. Celui par lequel s'est réalisée l'éviction du tout-puissant patron du DRS nous a donné à voir qu'en matière de ruse et de coups fourrés ceux qui voulaient sa tête l'ont magistralement surclassé. L'on va entendre des voix s'élever pour fustiger l'ingratitude dont le désormais ex-patron du DRS est payé. Mais c'est pourtant le sort quasi inéluctable qui est toujours réservé dans les systèmes totalitaires aux « faiseurs de rois » et Toufik en a été l'un des principaux en Algérie très mal inspiré au demeurant car ses choix ont toujours été inspirés non par le souci de sauver l'Algérie mais par celui de la pérennisation du système. En ramenant Bouteflika, il a commis l'erreur qui à long terme allait lui coûter l'éviction.