Le gouvernement le sait : l'aggravation de la crise que subit le pays le condamne à imposer une drastique politique d'austérité qu'il sait périlleuse car allant être mal acceptée par les citoyens majoritaires qui en feront pour l'essentiel les frais. Les autorités algériennes se retrouvent dans cette situation dont elles redoutent les conséquences sociales et politiques pour avoir gaspillé la chance qu'elles ont eue en ces plus de dix années d'opulence financière extraordinaire de créer dans le pays les conditions qui lui auraient permis de se confronter à la dégringolade des cours pétroliers sans qu'ils soit nécessaire de lui administrer une cure d'austérité de la violence de celle à laquelle elles sont inéluctablement forcées de recourir. Les recommandations que feront les experts et universitaires que le gouvernement a enfin daigné consulter sont celles-là mêmes qui ont été avancées comme s'imposant pour l'économie algérienne pour l'affranchir de la dépendance de la rente financière et de ses inévitables fluctuations. Elles l'ont été en des moments où si elles les avaient prises en compte, les autorités du pays auraient pu procéder à une révision en douceur de leur politique économique et sociale et sortir ainsi graduellement l'Algérie de son statut de pays rentier tributaire sans alternative autre de la ressource financière qu'il tire de l'exportation de son pétrole. Elles les ont rejetées dans « la forme et le fond » parce que venant de milieux ayant osé crier « casse-cou » contre la manière qui a été la leur d'utiliser l'argent public et leur pseudo-stratégie de développement qu'ils dénonçaient comme perpétuante et aggravante de la dépendance de l'Algérie de son pétrole. Ces mêmes milieux, les autorités publiques sollicitent maintenant leur expertise non pas avec l'espoir qu'il leur feront des recommandations qui vont leur permettre de faire l'économie d'une politique d'austérité impopulaire, mais pour qu'ils apparaissent à l'opinion publique comme caution de la pertinence du choix des mesures qui vont être mises en œuvre dans ce sens. Pour ce saut dans l'inconnu qu'il sait périlleux pour lui mais qu'il ne peut différer, le pouvoir a caressé l'espoir d'obtenir, avant de s'y lancer, l'accord tacite du large panel d'experts qu'il a réuni en grande pompe, mais aussi et surtout celui de la classe politique à laquelle il a proposé de « rebâtir » autour de lui un consensus national rempart contre les soubresauts qui s'annoncent violents pour le pays. En vain car dans sa majorité cette classe politique se refuse à entrer dans ce jeu de « dupes » auquel elle a été conviée. Qui consisterait pour elle à absoudre le pouvoir pyromane dont la gouvernance a brûlé la « maison » algérienne et à le cautionner dans le rôle de pompier seul en mesure de la prémunir de la catastrophe que l'incendie fait peser sur elle. De ce qui s'annonce de sinistre pour l'Algérie, le pouvoir est seul responsable. Et de cela aucune caution ne l'en dédouanera auprès de l'opinion citoyenne.