Le simple qui dam peut ne pas comprendre pourquoi l'OPEP dont les Etats membres tirent l'essentiel sinon la quasi-totalité de leurs ressources financières a décidé jeudi le maintien de son plafond de production malgré la sévère chute des cours de l'or noir qu'elle aurait pu en théorie stopper en réduisant celle-ci et ainsi faire s'équilibrer le rapport entre l'offre et la demande. Il lui faut savoir que cette organisation est sous totale dépendance de la volonté de l'Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole qui lui impose sa politique en la matière. Or, il se trouve que Ryadh a intérêt à ce que les prix du baril de brut baissent. Non pas parce qu'elle estime qu'en restant élevés ils ont contribué à accentuer la crise économique mondiale et entravé la reprise de croissance. Leur chute est favorisée par les Saoudiens dans le but de punir certains pays producteurs. La Russie, l'Iran et l'Irak à qui les opposent des contentieux qu'ils espèrent résoudre à leur profit en les mettant financièrement et économiquement à genoux. D'aucuns parmi les experts pétroliers prétendent même que l'Arabie saoudite y trouveraient également intérêt car des prix du baril bas annihileraient la concurrence qui est faite à la production de pétrole du royaume. L'une comme l'autre de ces deux raisons indiquent clairement que dans la décision saoudienne de laisser faire la « loi du marché » ne lui est pas dicté par le souci de défendre l'intérêt collectif des Etats membres de l'OPEP mais par le sien propre. Ryadh est restée sourde à la préconisation de la plupart de ces Etats à laquelle ils ont tenté de la rallier. Les véritables tractations sur la position à prendre par l'OPEP face à la dégringolade des cours pétroliers n'ont pas eu lieu au cours de la réunion de Vienne mais en en amont de celle-ci et en dehors d'elle. Les Occidentaux qui pour des raisons évidentes jubilent à l'effondrement des prix du brut applaudissent bien entendu au maintien du plafond de production de l'OPEP. Ils en attendent non seulement des retombées bénéfiques pour leurs économies nationales mais aussi qu'elles contraignent les Etats producteurs avec lesquels ils sont eux aussi en conflit à passer sous leurs fourches caudines. Il y a en tout cas que les agissements de l'Arabie saoudite au sein de l'OPEP redonnent de la pertinence aux interrogations de l'utilité de cette organisation censée avoir été créée pour défendre l'intérêt collectif de ses Etats membres mais qui en fait est totalement dépendante de ce que Ryadh décide pour la bonne et simple raison qu'elle fait la pluie et le beau temps à sa convenance sur le marché pétrolier. Et l'on sait que systématiquement le royaume pétrolier est plus à l'écoute de ce que veulent ses protecteurs occidentaux que de ses partenaires au sein de l'OPEP. Dans l'immédiat, la position que Ryadh a imposée à l'OPEP va se traduire inévitablement par une féroce course au maintien de leurs parts de marché pour tous les Etats producteurs quitte à aggraver le bradage des prix du baril de brut. Ce qui en se prolongeant va être destructeur pour les Etats dont la dépendance à la manne pétrolière n'est atténuée par aucune autre performance de leurs économies nationales. A ce dangereux jeu même l'Arabie saoudite finira par y laisser des plumes car pour elle aussi le manque à gagner risque de s'avérer préjudiciable pour sa stabilité déjà mise à l'épreuve même dans l'opulence.