Amar Takjout, le secrétaire général de la fédération nationale des textiles et cuirs est optimiste. Selon lui, ce secteur, qui comptait dans les années 1990 quelque 5000 PME et plus de 250.000 salariés, et qui sont passées «à la casse» et le licenciement des travailleurs, peut renaître de ses cendres. Après la décennie noire des années 1990 avec la fermeture à tour de bras des unités de production publiques et privées, le licenciement et le départ en retraite anticipée pour des dizaines de milliers de travailleurs, le secteur semble aujourd'hui renaître. Avec un financement public de deux milliards de dollars, «le secteur du textile et cuirs a une place dans l'ensemble du secteur industriel, et participe à la croissance de l'économie nationale», estime ainsi Amar Takjout dans une intervention à la radio nationale. «Le PIB de la filière est de 2% de l'ensemble du secteur industriel, qui peut jouer un rôle et apporter plus», explique le SG de a fédération Textiles et cuirs, selon lequel ce secteur constitue «5% de l'ensemble de l'industrie». En fait, le secteur des textiles et cuirs «peut apporter son potentiel à la croissance de l'industrie nationale», relève t-il, avant de souligner que «la concurrence ne peut constituer une difficulté. Le marché est là, il y a des opportunités, et il faut remettre de l'ordre dans l'orientation des investissements», affirme M. Takjout, pour qui «la concurrence ne se pose pas, nous pouvons faire quelque chose pour notre économie, en dépit de la concurrence étrangère». Comparativement aux pays voisins, il estime que le marché algérien de la main d'oeuvre «est plus attractif» dans un contexte mondial de délocalisation. «Nous sommes les plus attractifs en terme de rémunération», affirme-t-il. Le Conseil des Participations de l'Etat a débloqué au profit du secteur une enveloppe de deux milliards de dollars en mars 2011 pour relancer le secteur. Selon des chiffres de la centrale des travailleurs (UGTA), en 10 ans, la part du secteur textile dans le PIB est passé de 7,5% à 5% et 185 000 emplois ont été supprimés ou perdus en l'espace de 20 ans. Le plan de relance mis en place en 2011, adossé à une enveloppe de deux milliards de dollars, doit favoriser la création de nouvelles sources de richesses, en faisant appel au savoir-faire international pour localiser, ici en Algérie, des segments d'industrie afin de développer la qualité et l'innovation et la formation des jeunes, avait indiqué l'ex-ministre de l'Industrie Cherif Rahmani. En fait, cette relance vise la modernisation du matériel, l'assainissement financier du secteur, l'encouragement de l'investissement productif et l'apport du partenariat avec des opérateurs étrangers, notamment turcs. Aujourd'hui, «il y a une légère amélioration et une stabilité du secteur, 16.000 salariés sont payés régulièrement, l'évolution 2013-2014 est de 22% dans le textile, de 20% dans la confection, et de 17% pour le cuir», détaille t-il, même s'il estime que «c'est peu, mais cela permet une stabilité et de renouveler le potentiel humain, de créer des emplois». Selon M. Takjout, près de 3.000 emplois ont été créés depuis mars 2011 à travers le territoire national. En termes de potentialités productives nationales, il a souligné que «nous avons une capacité de 150 millions de mètres linéaires, alors que la demande nationale est de 500 millions de mètres linéaires. Donc, il faut aller vers la production et l'investissement productif, et non le gain facile à travers les importations». Très remonté contre les importations, Takdjout affirme qu»Il faut tout revoir, arrêter ces importations qui nuisent au produit local», car «d'un côté on clame qu'il faut consommer national, et de l'autre côté l'administration donne des marchés aux étrangers», citant au passage le cas d'une mosquée à Oran qui a importé des tapis de Turquie, «alors qu'il y a à Oran une entreprise locale qui les produits». Prudent par ailleurs sur les chances de relance durable du secteur, il estime que «tout dépend de la volonté politique». Quant au secteur des cuirs, il est, selon le SG de la fédération, «complètement désorganisé». Dans les années 1990, il y avait quelque 200.000 salariés dans le secteur privé, et 60.000 dans le secteur public du textile, a encore rappelé M. Takjout, estimant possible la relance du secteur.