Six pays, seulement, sur les 28 membres de la Ligue arabe, ont confirmé, hier, à Alger, leur statut de membres fondateurs de la Ligue des Conseils économiques et sociaux arabes et institutions similaires. Nouveau-né du monde arabe, la Ligue des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires a tenu, hier, son premier congrès au Palais des Nations de Club des Pins', en présence de Mohamed Seghir Babes, président du CNES et du directeur général de l'OAT (Organisation arabe du travail). L'ouverture des travaux a été faite par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui a rappelé en premier, la coïncidence de l'événement avec la commémoration dimanche prochain, du 61ème anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, un 1er Novembre 1954. «Ce choix, fait par le président de la République, dit-il, n'est pas fortuit parce qu'il nous renseigne sur la signification exacte de l'action arabe commune qui s'est traduite par l'aide des peuples et des Etats arabes à la Révolution algérienne.» Ce qui doit, selon lui «nous inciter à réfléchir, profondément, au renforcement de cette entente pour unifier nos efforts, en faveur du développement économique et la prospérité sociale du citoyen arabe, là où il se trouve.» Le MAE estime que «la création de la première Ligue des CES arabes augure d'un nouveau mode de travail, pour une action arabe sérieuse, une coordination effective, un échange d'expériences, à même de consacrer les règles du dialogue social, au niveau arabe et national, en tant qu'instrument de bonne gouvernance.» Lamamra exhorte les invités de l'Algérie à «renforcer nos capacités, à faire face aux défis actuels et à venir, à résister devant les crises dangereuses qui menacent les fondements de certains pays arabes et à préserver la paix sociale et la stabilité de nos nations.» Il ne manquera pas de rappeler «le rôle important des CES, auprès des gouvernements et des peuples arabes, à travers la formulation de propositions concrètes, autour des politiques publiques économiques et sociales et l'approfondissement du dialogue national et social, entre l'ensemble les partenaires sociaux, à l'effet d'ancrer les principes de la participation, de la démocratie et de l'entente nationale.» «LES GOUVERNEMENTS ARABES NE DOIVENT PAS CRAINDRE LES CES» Il évoquera surtout «les crises multidimensionnelles que vit le monde, en général, et les pays arabes, en particulier, et qui, dit-il, nous obligent à réfléchir, ensemble, au renforcement du dialogue et de la concertation entre nous ( ) pour ouvrir de nouveaux espaces, pour la création d'emplois et relever les défis du développement durable ( ).» Au-delà du discours officiel, rappelé par les uns et les autres, les présidents ou représentants des six pays arabes, présents, hier, au 1er Congrès de la nouvelle Ligue, ont, comme le président du CES de Jordanie, mis le doigt sur la réalité des choses, dans le monde arabe. Il demandera, solennellement, aux gouvernements arabes de ne pas avoir «peur» des CES de leurs pays respectifs. «Vous ne devriez pas craindre les CES mais vous appuyer, sur eux, pour régler les problèmes de nos sociétés,» a-t-il dit. Il estime que le monde arabe doit faire face, sérieusement, à trois fléaux ; «l'ignorance, la pauvreté et la désunion.» Le représentant du CES européen n'a d'ailleurs pas manqué de faire un clin d'œil aux gouvernants arabes, en déclarant que «la ligue des CES arabes pourrait accélérer l'unité des pays arabes, vous pourriez, alors, travailler comme l'UE, qui a besoin d'un partenaire arabe unifié, la Ligue pourrait, en être le ferment de cette unité du monde arabe.» Maloss pense de l'Algérie que «c'est un pays pivot, par sa stabilité, elle est en train de s'affirmer comme un des Etats majeurs de la région et en dehors ( ).» Il tente de persuader l'assistance que «la Ligue des CES arabes peut, largement, contribuer à réconcilier les Arabes entre eux.» Le président de l'Association internationale des CES, que l'Algérie a eu, déjà, à présider deux fois, a revendiqué «le rôle moderne des CES et la responsabilité des acteurs intermédiaires.» «UNE REVOLUTION SEREINE POUR REUSSIR LE DEVELOPPEMENT DURABLE» Le président du CES palestinien a, lui, entre tous, voulu mettre au centre de la concertation, au sein de la Ligue, la problématique de la migration des ressortissants arabes vers la rive-nord de la Méditerranée et aussi, en recommandant aux CES présents d'en discuter avec le CES européen. Le président du CES libanais pointera du doigt «la conjoncture complexe du monde arabe» et recommande le dialogue. Le président du CES égyptien établira, pour sa part, un lien étroit entre la Ligue des CES arabes et la Ligue arabe. «Ligue qui, dira-t-il, devra contribuer à tirer le développement durable de nos pays.» La représentante du CES marocain rendra hommage à l'Algérie «pour avoir œuvré à la création de la Ligue des CES arabe.» C'est, a-t-elle plaidé, «une révolution sereine pour réaliser le développement durable, nous devons, pour cela, ouvrir plusieurs chantiers dont un sur la gouvernance, la Ligue doit être un instrument pour nous orienter et nous permettre d'entendre la voix de la société civile organisée.» Concise et précise, la représentante marocaine avait retenu, quelque peu, l'attention des Algériens parce que, ont dit certains d'entre eux «elle est d'origine algérienne, Tlemcenienne, précisément.» Paraissant très fatigué, déjà, à l'ouverture des travaux, Babes conclura la séance de la matinée, en recommandant à ses invités de passer du dialogue social au dialogue civil, comme voulu par l'ONU. La Ligue des CES arabes continuera ses travaux, aujourd'hui, où il sera question pour l'Algérie de présenter sa feuille de route pour les deux ans à venir. Mohamed Seghir Babes a été plébiscité, jeudi soir, par les représentants des pays fondateurs de la Ligue, réunis à l'hôtel El Djazair', pour être le 1er président de la Ligue des CES arabes et institutions similaires dont l'adoption des textes de création a été faite à Rabat, au Maroc. L'appel est déjà lancé aux pays membres de la Ligue arabe pour rejoindre ce nouveau espace. «Le problème est que beaucoup d'entre eux n'ont pas encore de CES,» relève un consultant algérien.