On sait que le mulet est issu du croisement d'un âne et d'une jument. Aussi, pour les besoins de la morale et de la sagesse, on a demandé à cette tête de mule : «Ch'koun bouk ! (qui est ton père ?)». Il a répondu bêtement : «Khali el-aawd !»(Mon oncle maternel est le cheval). Tel est ce proverbe enraciné et très populaire et bien pensé à l'adresse de ceux qui éprouvent du déshonneur à citer leurs racines et leur appartenance généalogique. L'homme aime se distinguer par le sang pur. Le cheval jouit aussi de cette noblesse équine qui fait la fierté du pur-sang. Les craintifs et les gens qui se croient de rang inférieur préfèrent cacher leur origine sociale en se targuant d'être les parents d'un homme célèbre ou d'une noble personnalité -même très éloignée dans l'ascendance, juste pour épater leur entourage. Ils font de l'ombre à leurs filiations et leur naissance juste pour impressionner ceux qui les écoutent. Ces têtes de mules vont jusqu'à renier leurs origines. On flatte les gens de rang supérieur en les désignant d'étalon, en lissant leur poil et en jouant de la brosse pour les astiquer, uniquement pour gagner leurs faveurs. A l'inverse, on blesse méchamment les plus faibles, ceux considérés de rang inférieur, en les injuriant copieusement de «b'ghal» (mule) ou de «h'mar» (âne). Le proverbe a une double signification. C'est à la fois un enseignement pour ceux qui tournent le dos à leurs souches et une continuité dans le mépris de l'âne. «Khali ana flen!»(Mon oncle à moi est monsieur Untel). Ainsi va la vie chez les bavards. On fait son numéro dans la conversation pour épater sans rougir avec plein de chiqué et de frime. Les vantards chantent sur tous les toits que X ou Y, pointures de renom, sont des proches parents et qu'ils leur reviennent du côté de la sœur de la tante germaine qui habite Tataouine. «El-mekssi b'rezk ennas aariane!»(Celui qui porte les vêtements des autres est nu), disent les sages. Il est acceptable de dire de quelqu'un qu'il est fort comme un cheval mais pas du tout correct de le comparer à un âne solide. L'âne est une bête de somme qui ne gagne toujours pas la sympathie de l'être humain. L'âne à toujours été confronté à la moquerie et l'ironie de la part des idiots. L'âne ou le bourricot est l'animal désigné comme symbole de la bêtise et de la médiocrité. A l'école, on continue à ridiculiser le dernier de la classe avec un bonnet d'âne. Le baudet continue de payer à cause de cette interprétation. Pourtant, le gentil âne est le plus proche ami du paysan et de ses nombreux utilisateurs. C'est une bête amicale qui ne rechigne pas au travail et qui ne se plaint jamais de la souffrance qu'elle endure avec les ingrats. Les égoïstes continuent de dire «Hachakoum « (sauf votre respect) quant ils parlent «fi wastel-djemaa»(dans le groupe) de ce brave et loyal compagnon de dur labeur