Le dernier éditorial de la revue El Djeïch semble être une réponse à la lettre que le général, à la retraite, Mohamed Mediène a rendu publique, en décembre dernier. Le général de corps d'Ermée, chef d'état-major, vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, a pris un mois pour répondre à la lettre de Toufik, sur l'affaire du général Hassan. Ceci, si l'on s'en tient aux déclarations que de hautes personnalités de l'Etat nous avaient faites, sous le sceau de l'anonymat, pour des considérations évidentes du droit de réserve auxquelles elles sont soumises, dans l'édition du Quotidien d'Oran' du 09 décembre 2015. Nous avons écrit alors que «la lettre du général à la retraite du DRS (département de la recherche et de la sécurité), Mohamed Mediène, remet en cause, uniquement, les actes d'une institution dont il a dirigé les services les plus durs et côtoyé étroitement, l'état-major. L'institution militaire est, aujourd'hui, pointée du doigt par un de ses patrons les plus en vue, même s'il a fonctionné dans l'ombre, durant un demi- siècle.» Conclusion évidente, Toufik a remis, clairement, en cause la décision de faire juger le général Hassan. Décision prise, faut-il le rappeler, écrivions-nous, par les soins du chef d'état-major, le général de corps d'Armée, vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah. «La lettre pourrait être considérée comme étant un discrédit à ce responsable qui, dit-on, n'a pas pris de gants pour faire juger des hauts gradés des services,» avions-nous écrit encore. Réputé pour agir avec tact, Toufik ne fait pas rien sans rien ni pour rien. Conclusion, «conscient de sa mise à la retraite, il tente, certainement, de donner un dernier coup de griffes à ceux qui doivent l'observer des hauts des Tagarins » Les appréciations contenues dans sa lettre, de décembre dernier, l'ex patron du DRS les avaient exprimées «à l'intention de tous ceux qui sont concernés par ce dossier, ainsi que tous ceux qui le suivent, de près ou de loin,» avait-il écrit. Etant le premier responsable à avoir prescrit la décision de faire juger le général Hassan, Gaïd Salah ne peut être que, directement, concerné par les «appréciations» de Toufik. «Le général Hassan était le chef d'un service érigé par décret, agissant sous l'autorité de mon département, à ce titre, il était chargé d'une mission prioritaire avec des prérogatives lui permettant de mener des opérations, avec les objectifs fixés. Les activités de son service étaient suivies, régulièrement, dans le cadre réglementaire,» avait écrit l'ex patron du DRS. «LES CONTRE-ATTAQUES» D'EL DJEICH L'auteur de l'éditorial de la revue de l'ANP (El Djeïch), a pris lui aussi, le soin de mettre en évidence «le cadre réglementaire» précisé par Toufik. «S'agissant de l'année qui vient de s'ouvrir, l'ANP continuera de s'acquitter de ses missions, avec détermination et rigueur, dans les différents secteurs relevant de son domaine de compétence, dans le cadre des lois et règlements, afin d'obtenir des résultats, encore plus probants, dans le domaine de la lutte antiterroriste ( ),» lit-on. Et aux propos de Toufik, rapportés dans la lettre, on peut accoler ceux de l'éditorialiste de l'état-major de l'ANP, par lesquels, il promet en complément de sa phrase, ci-dessus, qu'il en sera ainsi «jusqu'à éradication de ses derniers résidus et de ses connexions liées au crime organisé et à la contrebande, sans oublier la protection des frontières, la préservation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté nationale, afin que le peuple algérien vive libre et en sécurité à travers tout le territoire national.» Selon des spécialistes de l'analyse du contenu, «l'édito répond, pratiquement, point par point à la lettre de Toufik.» Ce dernier avait écrit, dans son message, qu' «en ce qui concerne l'opération qui lui a valu (au général Hassan ndlr) l'accusation d'infraction aux consignes générales, j'affirme qu'il a traité ce dossier, dans le respect des normes et en rendant compte aux moments opportuns.» On lit alors dans El Djeïch que «( ), l'effort principal de nos forces armées porte sur la lutte contre le terrorisme et le crime organisé qui menacent notre économie ainsi que nos frontières. Ce volet constitue une des priorités du Haut-Commandement de l'ANP qui a adopté une stratégie sécuritaire efficace, reposant sur un déploiement judicieux des unités militaires et une parfaite coordination entre les différentes forces et autres composantes de nos forces armées. Ceci, outre l'exploitation maximale, immédiate et efficiente de l'information, l'unification du centre de prise de décision, particulièrement après les changements opérés, au niveau des structures organisationnelles de l'ANP, ainsi que certains changements et opérations de réorganisation et de restructuration qui ont touché certaines de ses composantes.» Toufik avait souligné dans sa lettre qu' «après les résultats probants qui ont sanctionné la première phase de l'opération, je l'ai félicité, lui et ses collaborateurs, et encouragé à exploiter toutes les opportunités offertes par ce succès.» L'adoption d'« une stratégie sécuritaire efficace ( ) par le Haut Commandement de l'ANP» dont fait part El Djeïch', a, affirme l'éditorialiste de la revue, «grandement contribué à l'obtention de résultats significatifs, sur le terrain, durant l'exercice écoulé, au regard de l'exceptionnel bilan enregistré sur le plan de la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, la contrebande et qui s'est traduit par l'élimination de 157 terroristes dont 10 chefs qui avaient rejoint les groupes terroristes, depuis 1994. L'année évoquée marque, faut-il le rappeler, la nomination, peu de temps après, du général Mohamed Mediène, comme premier responsable du renseignement. Dans sa lettre de décembre dernier, il a fait part de «spécificités (conformément auxquelles le général Hassan a géré son dossier, comme rapporté par Toufik, ndlr) qui exigent un enchaînement opérationnel, vivement recommandé, dans le cas d'espèce.» Et si l'on admet, comme les spécialistes de l'analyse du contenu le reconnaissent, qu'il lui reproche d'avoir laissé évoluer «des chefs terroristes» depuis 1994, mais que l'armée a éliminé l'année dernière, El Djeïch', lui, signale que «ces résultats (de l'armée évoqués plus haut, ndlr) reflètent la détermination du Haut-Commandement de l'ANP à éradiquer ces criminels, tout comme ils montrent le professionnalisme, la détermination, la volonté et la vigilance qui animent nos forces armées, dans la défense des intérêts suprêmes de la Patrie et la préservation de la souveraineté nationale.» L'ANP SE PREPARE AU COMBAT Toufik avait écrit, encore, que «le général Hassan s'est, entièrement, consacré à sa mission. Il a dirigé de nombreuses opérations qui ont contribué à la sécurité des citoyens et des institutions de la République.» El Djeïch' renchérit dans son éditorial, en affirmant «que cette nouvelle année soit également, une occasion pour rappeler notre combat et nos sacrifices, passés et présents, par lesquels nous adressons nos salutations, empreintes de reconnaissance, à la mémoire de nos glorieux chouhada, tombés au champ d'honneur, pour l'idéal de liberté et pour la préservation de notre Patrie.» Tout au début de l'éditorial, on lit que «l'année qui vient de s'écouler a été celle des succès éclatants, en ce qu'elle a été riche en évènements et réalisations militaires d'importance dans différents domaines qui constituent l'essence des missions de l'ANP, héritière de l'ALN.» L'on nous fait remarquer que : «que ce soit au début ou à la fin de l'éditorial, aucun hommage n'a été rendu aux services du renseignement avant leur restructuration et le départ de leur patron, Toufik.» Au-delà de ces commentaires à propos de deux «concours» médiatiques de deux «antagonismes» de l'institution, la plus importante du pays, l'on se doit de noter qu'un autre paragraphe, mis au début de l'éditorial d' El Djeïch', mentionne, formellement, que l'année 2015, fut également «une année d'action et de suivi sur le terrain, marquée par les visites de travail du vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, dans les différentes régions militaires et grandes unités, afin de s'enquérir du niveau de préparation au combat, superviser les systèmes de défense et le déploiement des forces, le long des frontières, ainsi que les nombreux exercices tactiques et manœuvres exécutés par les différentes formations et échelons, qui ont montré un haut niveau de maîtrise et de coordination, dans l'accomplissement des différentes actions de combat et des missions assignées.» La préparation au combat évoquée, ici, sans ambages, renseigne, s'il le faut, du niveau élevé de l'alerte donnée aux importants contingents militaires stationnés tout au long des frontières du pays. Les dangers d'insécurité et de déstabilisation qui menacent l'Algérie ne sont pas une vue de l'esprit. Ils sont une suite logique des agendas qui ont déjà démantelé des Etats nationaux et divisé des sociétés millénaires.