Les Algériens sont le seul peuple au monde qui exige sans tempérance des logements servis sur un plateau d'argent. Faut-il les incriminer pour ce lourd diktat qu'aucun bon sens ne justifie et qu'aucune règle bien comprise sur de vagues aides sociales n'explique ? Les émeutes avec leurs rues barrées et les routes bloquées tous les jours à travers le pays s'assimilent maintenant à des délires généralisés que l'activité quotidienne économique a bien du mal à contourner. Il est trop simple de s'en remettre aux tenants vagues de la philosophie rentière pour éclairer cet état d'esprit et il faudrait bien que le triptyque sur lequel repose l'existence de la population aujourd'hui totalement brouillé soit mieux appréhendé. Ecole, travail et maison sont en effet parés par un déguisement déglingué et la mue de la société algérienne, faute d'un projet clair, s'opère d'une manière dévergondée. Parfois des pensants primaires par cynisme vont jusqu'à affirmer qu'on ne passe pas sans transition du transport par chameau à celui de l'avion sans dégâts et il faut bien reconnaître qu'on est loin de l'alimentation familiale ancestrale qui se suffisait des seuls dattes et lait de brebis. Faut-il donc maudire et en vouloir à ce peuple qui n'a plus comme seul repère que la religion et qui par pans entiers sort avec une colère injustifiable pour manifester contre les dômes du ciel qui ne lui suffisent plus ? Les aïeux ont toujours pensé qu'un logis était la finalité de la vie. L'ordre inversé des valeurs et des normes en a fait un premier préalable incontestable pour désaxer davantage une vie sociale déjà pervertie. Devenue un instrument de chantage aussi bien pour les requérants que pour les donateurs, une demeure n'est plus le couronnement de l'effort et du labeur. Des prouesses incontestables ont été réalisées en matière de construction de logements. Mais on ne s'est toujours préoccupé que des agrégats, de la brique et du ciment. Sans faire la différence entre une étable et un appartement.