Nouredine Bedoui a tenu à sous-tendre les objectifs du développement des régions du Sud avec «l'impérieuse nécessité d'une prise de conscience, de tous les Algériens, des dangers qui menacent nos frontières et notre pays.» Dès son arrivée, tôt hier, dans la wilaya déléguée d'In Guezzam, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a lancé ce message «sécuritaire » qu'il a voulu pressant, obligatoire et insistant. Il l'a fait au cours de sa visite du premier point inscrit dans son programme qui était le nouveau siège de la circonscription administrative d'In Guezzam. Une appellation que Bedoui dit ne pas aimer parce que, a-t-il noté « c'est une wilaya déléguée, j'aurais souhaité que ce soit inscrit comme telle ». Ses propos autour des questions sécuritaires et «des dangers qui pèsent sur l'Algérie » devenaient, de plus en plus insistants, clairs et précis, au fur et à mesure qu'il se rapprochait des zones limitrophes aux pays africains voisins. In Guezzam en a été, une, hier au regard de ses limites territoriales qui s'arrêtent à une quinzaine de kilomètres du Niger. Déjà, lors de sa rencontre, lundi, en fin d'après-midi, avec les représentants de la société civile de Tamanrasset, le ministre de l'Intérieur s'était étonné d'entendre, pratiquement, la majorité d'entre eux, réclamer des aides de l'Etat pour l'élevage camelin, la réalisation de certains chantiers sans, à aucun moment, évoquer la question sécuritaire. « Avez-vous conscience de la gravité des dangers qui sont à nos frontières ? » a-t-il interrogé, sur un ton inquiet. «Je crois que non, les citoyens ne se rendent pas compte », a-t-il répondu, tout de suite. Au rythme où elle vit et à l'insouciance qui caractérise l'esprit de ses habitants, il semble que la ville de Tamanrasset se sent loin des dangers dont parle Bedoui. «CES DANGERS SECURITAIRES QUI GUETTENT L'ALGERIE» Ce n'est pas le cas des populations d'In Guezzam qui, dans chacun de leurs propos, ils lient leurs préoccupations aux situations sécuritaires qui prévalent sur leurs territoires et aux frontières. «Nous voulons que l'Etat nous aide pour avoir l'aliment du bétail et des points d'eau pour notre cheptel, nous nous trouvons, dans un triangle entre le Niger et le Mali, ce n'est pas toujours facile, pour nous, d'avoir ce dont on a besoin, pour préserver nos animaux », disaient des éleveurs. « C'est une région frontalière par excellence, c'est à partir d'In Guezzam que je rends un grand hommage aux citoyens qui veillent à la sécurité du pays et pour sa stabilité, il faut que tous les Algériens prennent conscience des dangers et menaces qui pèsent sur notre pays, il faut le faire pour préserver sa stabilité, sans la paix et la sécurité, personne ne peut parler de développement ou de n'importe quel projet à réaliser, » a-déclaré le ministre. BEDOUI REPROCHE AUX PARTIS POLITIQUES «LEUR INSOUCIANCE» L'hommage du ministre a été particulièrement appuyé «aux enfants des zones frontalières qui font un immense travail, qui sont debout pour protéger le pays». Bedoui tient à rassurer les populations en leur promettant de « les accompagner, les soutenir et les aider à réaliser tous leurs projets pour avancer vers d'autres progrès ». Bien sûr, il saluera, avec insistance, « les efforts de notre armée, de nos services de sécurité, dans leur ensemble, pour la surveillance des frontières ». Le ministre de l'Intérieur ne s'empêchera pas de reprocher aux partis politiques « leur insouciance, » à l'égard de ce qui se passe à nos frontières et des dangers qui guettent l'Algérie ». Sa revendication « il faut construire des partenariats entre les citoyens, la société civile, les partis politiques, les services de Sécurité, pour relever les défis de la stabilité et du développement », dit-il. « Avec son attractivité et son dynamisme et, certes, en comptant avec ses insuffisances, In Guezzam a les moyens et les conditions pour y arriver, » assure-t-il. Il pointe, encore, du doigt «les partis politiques qui se contentent de rester à Alger et de parler de choses sans importance, ils doivent se déplacer dans ces régions éloignées pour peser la gravité des dangers sécuritaires et soutenir les populations ». Il tient à marquer «la grandeur de ces femmes et hommes qui veillent à la sécurité du pays et qui sont à l'avant-garde, pour protéger tous les Algériens, malgré les insuffisances qu'ils vivent, des préoccupations pendantes et de qu'ils attendent de nous, on leur promet de les accompagner pour atteindre tous leurs objectifs ». Remarque pertinente du ministre à propos du développement de la région, «ces projets qui traînent, en longueur, à l'exemple de la construction d'un tribunal lancée en 2010 mais qui n'est toujours pas achevée ». Il prévient que « s'il y a des projets qui ne sont pas réalisés, on les transfert vers d'autres régions ». «IL FAUT ETRE PRAGMATIQUE» Bedoui réclamera, avec insistance, « la prise en charge de la formation des jeunes du Sud pour qu'ils développent eux-mêmes, leurs régions, elles sont sous la responsabilité de leurs enfants. » Il instruit les autorités locales dont le wali délégué pour que les entreprises qui doivent prendre en charge la réalisation des projets, initiés dans le cadre des programmes de développement du Sud, soient issues des populations du Sud. « On a fait d'In Guezzam, une wilaya déléguée pour qu'elle soit prise en charge par ses enfants, il faut les former dans les spécialités dont ont besoin ces régions, vous vous rendez compte qu'In Guezzam n'a jamais eu de lycée à part celui qui est en construction actuellement ?!? », relève-t-il. La mobilisation des moyens de réalisation des projets est faible, on attend que des décisions soient prises par le ministère pour pouvoir avancer, », lui dit un prometteur. «Toutes les décisions doivent être prises, ici, et être prises en charge par les autorités locales, sous l'égide du wali délégué, il ne faut pas attendre le ministère,» lui répond-il. Il a donné les mêmes consignes lorsqu'il a visité les services agricoles et ceux de la promotion de l'investissement que dirigent des directions déléguées, parmi les 6 installées, à ce jour, à In Guezzam sur les 11 prévues. Directions qui se trouvent dans la cité administrative «Ahmed Medeghri ». Lors de sa visite au chantier de réalisation d'une Maison de jeunes, il a demandé aux députés qui se sont plaints du manque accru d'encadrement mais aussi d'une main-d'œuvre qualifiée locale, de lui faire une liste de jeunes d'In Guezzam et de Tinzaouatine, « je la remettrais au ministre des Sports pour qu'ils soient formés à Ouargla ou à Alger,» leur a-t-il promis. Il estime qu'«on ne doit pas se contenter de constater seulement, il faut qu'on soit une force de proposition, il faut passer à la vitesse supérieure, la question de l'encadrement doit être approchée d'une manière pragmatique, le pragmatisme pour moi, c'est de former les jeunes, d'adapter leur formation aux besoins et spécificités de la région pour qu'ils soient opérationnels».