Les Américains ont de nouveau bombardé la Libye, ciblant un camp d'entraînement de Daech à Sabratha, à 70 km à l'ouest de Tripoli. Trois mois après avoir mené des frappes contre l'organisation terroriste où ils ont éliminé l'Irakien Abou Nabil, présumé par Washington comme «le plus haut responsable de Daech en Libye», les Etats-Unis ont ciblé Noureddine Chouchane, un cadre tunisien de l'EI soupçonné d'être le commanditaire des attentats du Bardo et de Sousse. 40 autres personnes complèteront la liste des tués. Obama l'avait promis et le Pentagone l'a fait. La Maison-Blanche avait affirmé que les Etats-Unis traqueront les jihadistes de Daech partout où ils se trouvent, pas seulement en Irak et en Syrie. Au-delà de ce raid, les Américains prouvent, de nouveau, qu'ils n'ont besoin d'aucun mandat international pour frapper là où ils le décident. S'appuyant sur un travail de renseignements, ils passent à l'action létale pour éliminer quiconque peut représenter une menace potentielle à leurs yeux quitte à enregistrer des dégâts collatéraux parmi la population civile et de s'en excuser parfois. On le sait, les frappes chirurgicales sont un gadget militaire créé lors de la guerre du Golfe et le discernement dans les bombardements n'est pas vraiment le fort des Américains ni d'aucune armée au monde en ordre de bataille. Dans le scénario de Sabratha, présenté comme le fief de Daech dans l'ouest de la Libye, le New York Times parle d'un camp d'entraînement, un immeuble où s'était réfugié un Tunisien impliqué dans les attentats de Tunis et de Sousse. Le maire de la ville libyenne, près de la frontière tunisienne, préfère, quant à lui, évoquer des «travailleurs étrangers» tués lors de ces bombardements. Quoi qu'il en soit, et au-delà de l'identité même des morts, cette seule stratégie des frappes aériennes a démontré ses limites aussi bien en Irak qu'en Syrie. Même mise à mal par les bombardements de la coalition anti-Daech, ses combattants n'ont été défaits militairement qu'au sol à travers des combats de rue pour le contrôle du territoire. Que ce soit pour les Kurdes d'Irak ou l'armée régulière syrienne, les troupes de Daech n'ont été délogées de leurs positions qu'avec respectivement l'appui de l'aviation de la coalition et les Russes. Il ne faut pas être un diplômé de West Point pour deviner qu'il faudra impérativement un relais terrestre à l'Otan pour en finir avec Daech en Libye et en l'absence d'une armée libyenne structurée, en dehors des bataillons du général Hafter, on se dirige tout droit vers une intervention militaire au sol des troupes arabo-occidentales.