Le bombardement américain se légitime par le fait que des « attaques contre les Etats-Unis et contre d'autres intérêts occidentaux dans la région » sont programmées par le groupe terroriste mené par le ressortissant Noureddine Chouchane, alias « Sabir », considéré comme le principal facilitateur du groupe terroriste Daech en Libye, et « une soixantaine d'éléments entre chefs et stagiaires ». Par-delà le bilan qui fait état de la probable élimination de « Sabir » et de 50 membres de Daech, selon les autorités locales, la stratégie américaine entend endiguer la progression de Daech en Libye. C'est donc en « temps opportun » que l'armée américaine compte agir contre d'autres camps répertoriés et « surveillés de près », selon le porte-parole du Pentagone, Peter Cook. Mais, pour autant, elle ne préfigure nullement d'une quelconque intervention militaire. Les missions ponctuelles américaines visent surtout à affaiblir le mouvement terroriste terrassé en Syrie et tenté par un reflux dans le sanctuaire libyen en ébullition. Cette seconde offensive intervient donc quelques jours seulement après le feu vert du président, Barack Obama, décidé à vaincre Daech, fort de 5.000 membres déployés dans la ville stratégique de Syrte, aux portes de l'Europe. Elle sonne la charge de l'Amérique menant la traque des combattants de Daech et pleinement convaincue de la nécessité d'une solution politique jugée incontournable. Si, de ce fait, le bombardement de Sabratha a été lancé en concertation avec les autorités libyennes informées à l'avance, l'urgence de la finalisation d'un « gouvernement national » se fait plus que jamais ressentir. Dans une déclaration commune diffusée vendredi dernier par le ministère des Affaires étrangères britannique à Londres, 7 pays (Etats-Unis, France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni et Emirats arabes unis) ont exhorté le Parlement libyen à approuver la liste du gouvernement d'union nationale, considéré comme une étape « essentielle » vers la réconciliation qui reste toutefois difficile à concrétiser. Les sept, qui en appellent les acteurs libyens à « un grand courage », n'ont pas manqué de placer les membres du Parlement libyen « face à une responsabilité solennelle ». Et la responsabilité première réside justement dans l'approbation de la « liste du gouvernement des membres du Cabinet national dans son intégralité, comme prévu dans l'Accord politique libyen ». Cette seconde offensive américaine l'atteste clairement. Face à leur destin, les Libyens n'ont ainsi d'autre alternative pour éviter le piège de Daech et subir les foudres d'une autre intervention militaire, dont ils connaissent le coût humain et les conséquences destructrices, que l'union ou la disparition.