Le statut de la femme battue est toujours plus infamant que celui de l'homme violent et, longtemps, les femmes victimes de violence ont été tenues pour principales responsables de leur sort. Cette violence n'a pas connu de trêve, au contraire, elle a connu une hausse. Durant les deux dernières années, le service de la Médecine légale, de l'établissement hospitalier 1er Novembre a reçu, près de 1.500 femmes victimes de violence. La majorité d'elles sont battues par leur époux, pour des futilités, dira une source du service de la Médecine légale. Selon la cellule de communication de l'EHU, le service de la Médecine légale a reçu, en 2015, près de 700 femmes violentées, contre près de 660, en 2014. Cette année,150 femmes agressées ont été prises en charge par ledit service, dont 64, en janvier, 67 en février et 12 durant la 1re semaine du mois de mars, soit une moyenne de 2 cas par jour. La catégorie des femmes les plus touchées sont celles, sans profession et âgées entre 20 et 40 ans, selon l'analyse des chiffre de l'EHU. Si les différents services sanitaires de la wilaya reçoivent une dizaine de cas de femmes violentées chaque jour, des milliers d'autres femmes souffrent en silence, gardant le secret de la violence qu'elles subissent et n'osent pas le dire, même à leurs proches et à leurs amies. Dans la plus part des cas, ce silence s'explique par une certaine mentalité et les coutumes qui sont des obstacles majeurs les empêchant de se plaindre. Aussi, les trois quarts des femmes, venant pour se soigner, dans les différentes structures de santé, à Oran, ne sont pas à leur première expérience. Le mari est le premier accusé, alors que des célibataires sont battues par leurs pères ou frères. Leurs «agresseurs» n'ont jamais été condamnés, bien que la plupart d'entre eux soient «récidivistes», en matière de coups et blessures. Nombreuses sont les femmes qui se rapprochent de la police pour déposer plainte et ne reviennent pas pour déposer le certificat médical exigé, dans ce genre de cas. L'enquête réalisée par le réseau national des centres d'écoutes, en collaboration avec le centre d'information et de documentation, sur les droits de l'enfant et de la femme (CIDDEF), sur un échantillon de femmes victimes de violence et qui se sont confiées aux cellules d'écoutes, indique que « l'agresseur type est un homme. Il est le mari de la victime, dans 51% des cas. Les victimes sont, en majorité, des femmes au foyer, soit 68%, les employées représentent 6%». Par ailleurs la violence conjugale a des effets sérieux sur tous les membres de la famille, dans l'immédiat, comme à long terme. Selon les sociologues une violence qui trouve son origine dans la situation économique, le chômage, la crise du logement, le retard de l'âge de mariage, et bien d'autres aspects. Les femmes mariées et divorcées sont plus exposées à la violence. Une étude faite par l'Association féminine pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de la citoyenneté (AFEPEC), d'Oran, dans le cadre du projet «ONG2 » a révélé que la violence la plus fréquente, en Algérie, est la violence conjugale. Selon une psychologue «les violences les plus fréquentes se produisent dans les foyers conjugaux», précisant que «cette violence n'est pas liée à la culture dans laquelle baigne le couple mais celle de l'homme dominant». Les enfants, vivant dans un milieu où sévit la violence, sont généralement présents lors des scènes, parfois, eux-mêmes battus ou menacés. Selon des études psychologiques l'équilibre émotif de ces enfants et leur santé physique sont mis en péril, par les scènes de violence et une atmosphère tendue qui règne à la maison, les sentiments d'insécurité, de vulnérabilité, de culpabilité, les troubles du comportement, les difficultés scolaires, les répercussions somatiques sont omniprésentes. Plusieurs mesures ont été entreprises pour lutter contre ce fléau dont la création d'une banque de données et de collecte de statistiques sur le phénomène de la violence contre les femmes dans la wilaya d'Oran. Cette banque pilote, au niveau national, a pour rôle de collecter des informations et données sur ce phénomène auprès des services de la Sûreté, la Gendarmerie, les établissements hospitaliers et les associations à caractère social. Le but est uniformiser les données statistiques pour avoir une vision globale sur les cellules d'écoute, encadrées par des psychologues et des sociologues et œuvrer pour une stratégie de lutte.