La direction des moudjahidine de la wilaya d'Aïn Témouchent a organisé mardi passé, au musée du Moudjahid de Béni-Saf, une journée d'étude sur le parcours militant de trois condamnés à mort exécutés à la prison d'Oran le 07 février 1957. C'est en effet le vécu de personnes qui ont donné leur vie pour l'Algérie dont notamment Sidi-Yekhlef Yekhlef, Soussi Mohamed et Kebdani Miloud, tous trois originaires de la région et auteurs de parcours de combattants exemplaires. En sus des anciens compagnons de lutte des condamnés à mort exécutés, d'éminents chercheurs, dont le journaliste et chercheur d'histoire locale, Saïd Mouas, les professeurs Mohamed Guenaneche, Bouziane Bensenouci et Djamel Charki, ont participé à cet hommage posthume où un accent particulier a été mis sur le parcours militant des trois chouhada. Saïd Mouas a axé son intervention sur la «guerre des chiffres» et la transcription des noms des condamnés. Quant aux autres hommes d'histoire, ils ont, chacun par des éléments historiques, apporté de l'eau au moulin à cet événement marquant la mémoire collective. Et c'est sous l'idée de «le supplice entre la guillotine et les coups de feu», que se sont succédé les témoignages d'anciens condamnés à mort. Ces derniers ont ainsi évoqué les derniers moments sur terre des martyrs qui, diront les uns, ont donné leur vie pour le pays. Ces hommes, ont rappelé les autres, qui ont fait preuve d'engagements exceptionnels, font partie intégrante de notre histoire nationale. D'autres témoignages, comme de ceux qui ont partagé les mêmes cellules avec eux mais qui ont échappé à la guillotine, ont été très attendrissants. «Yekhlef, Mohamed et Miloud ont choisi de payer de leur vie pour que le peuple algérien puisse accéder à l'indépendance», dira l'un d'eux. Les trois condamnés à mort, comme tous les condamnés à la peine capitale, ont été placés la veille dans la fameuse cellule 13. «J'étais dans la cellule 1 située en face de ce couloir de la mort, raconte un témoin, et toute la nuit, je ne cessais de regarder par le trou de la serrure». Avant de poursuivre : «Tôt en ce 07 février 1957, ils ont été conduits devant la guillotine, l'autre atrocité coloniale. Ils étaient en effet cinq à être exécutés, l'un après l'autre. Deux autres, dont un tout jeune (un mineur dont les documents ont été semble-t-il falsifiés pour lui faire subir la même sentence), étaient amenés aussi. «Après leur exécution, un gardien de la prison est venu nous apprendre que nos compagnons ont été dignes jusqu'au bout. Ce gardien a rapporté aussi que Sidi-Yekhlef Yekhlef a demandé à être exécuté en dernier et qu'il a même déclaré à l'imam, venu pour la circonstance, que s'il était un bon musulman, il devrait plutôt être au maquis», relate un ancien condamné à mort. Dans la salle, il y avait aussi des proches des trois guillotinés dont le fils (81 ans) de Sidi-Yekhlef Yekhlef. Celui-ci a tenu surtout à apporter un éclairage sur la photo attribuée à son feu père et qui appartient en réalité à un cousin, lui aussi chahid, tombé au champ d'honneur. Les organisateurs, de leur part, ont assuré que toutes les données (photos, bibliographies ) ont été prises à partir des archives du musée régional. En fin de séance, les familles de condamnés à mort ont été honorées par les organisateurs, qui avaient auparavant invité l'assistance à une sympathique collation organisée dans l'enceinte de la bibliothèque du musée, où une exposition photographique y prenait place.