Toutes les pièces du puzzle sont en train de se mettre en place pour le grand show militaire de la coalition anti-Daech en Libye. L'empressement des capitales occidentales pour l'intronisation d'un gouvernement reconnu par tous les Libyens est le premier pas pour un parapluie international en vue de frapper les troupes d'El Baghdadi qui menacent les champs pétroliers et qui ont infiltré les réseaux de passeurs. Ce pas est en train d'être franchi avec le quitus donné à Fayez al-Sarraj par les milices de Tripoli. Fort de l'appui politique de Khalifa al-Ghweil, le Premier ministre du gouvernement de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale, le gouvernement d'union nationale cherche à imposer son autorité sur les finances et les institutions. Une démarche qui lui permettrait de faire pression sur le Parlement de Tobrouk, financée en grande partie par la Banque centrale libyenne, alliée de choix d'al-Sarraj. Théoriquement, et à compter d'hier, elle devra geler les comptes des ministères et des institutions publiques qui devront avoir l'approbation du gouvernement d'union pour débloquer un financement. La pression internationale sera encore de la partie pour contraindre Tobrouk à reconnaître expressément le nouveau gouvernement au risque de sanctions pouvant toucher ses dirigeants. Le contrôle des finances du pays sous-entend celui des salaires et des soldes et c'est là le deuxième pas du plan anti-Daech. La mise en place d'une armée d'union sinon de milices payées par le gouvernement central pour appuyer les frappes aériennes occidentales contre les places fortifiées de Daech à Syrte. Ces deux étapes en place, al-Sarraj pourra demander officiellement à l'ONU une intervention militaire pour chasser de ses terres l'organisation terroriste. Ainsi, et forte d'une légitimité internationale, l'Otan pourra armer les forces au sol libyennes, financées par l'argent du pétrole, et commencer sa guerre contre Daech. Les Occidentaux savent que le temps joue en leur défaveur et c'est pour cette raison qu'ils accentuent la pression sur Tobrouk, le gouvernement fragile d'al-Sarraj pouvant imploser en cours de route à tout moment. L'objectif des puissances occidentales étant double : en finir avec la menace de Daech et s'implanter économiquement en Libye pour la reconstruire. Et là, c'est un tout autre gâteau.