Bien qu'il ait bénéficié d'un certain nombre de soutiens, depuis son arrivée mercredi à la base navale de Tripoli, le gouvernement d'union nationale de Fayez Al-Sarraj n'arrive toujours pas à s'installer dans le siège qu'il devrait occuper, en raison des violences secouant la capitale libyenne. Tripoli s'est réveillée hier aux bruits d'explosions de détonations d'armes à feu de différents calibres dans plusieurs quartiers, où s'affrontaient les éléments des milices armées rivales. Des sources sécuritaires ont indiqué à la chaîne de télévision Libya 24, que c'est aux environs de la zone de Souk al-Djemâa qu'ont eu lieu les affrontements, qui se sont également étendus à la région de Zenata, dans la banlieue est de la capitale libyenne. Les milices se livraient bataille pour prendre le contrôle de la chaîne de télévision satellitaire An-Nabaa, fermée il y a quelques jours par des contestataires à cause de son présumé discours incitant à la haine et à la violence à l'égard d'une partie des acteurs politiques libyens. Ces violences viennent perturber les plans du Conseil présidentiel, qui se trouve obligé de continuer à siéger à la base navale de Tripoli en attendant une probable décantation de la situation sur le terrain. En effet, même si les soutiens sont de plus en plus nombreux, Fayez As-Sarraj et son gouvernement d'union, issu de l'accord de paix onusien de Skhirat (Maroc), le 17 décembre 2015, ne peuvent être opérationnels dans un tel climat de violence. Ceci étant, après le soutien apporté la semaine écoulée par les gardes des principales installations pétrolières du pays, la compagnie nationale libyenne de pétrole NOC a officiellement annoncé hier son ralliement au gouvernement d'union nationale en Libye. "Nous travaillons avec le Premier ministre (Fayez) As-Sarraj et le Conseil présidentiel pour dépasser nos divisions", a indiqué Mustafa Sanalla, PDG de la NOC, dans un communiqué sur le site officiel de la compagnie. "Nous avons maintenant un cadre légal international pour travailler", a-t-il ajouté, en référence au soutien de la communauté internationale au gouvernement As-Sarraj. La Banque Centrale libyenne a annoncé également son soutien au gouvernement d'union.Ce ralliement au Conseil présidentiel constitue un nouveau revers pour les autorités non reconnues basées à Tripoli, dont le chef Khalifa al-Ghweil refuse encore de céder le pouvoir, dont le nom figure sur la liste de personnalité sanctionnées la semaine dernière par l'Union européenne pour "entrave au processus de paix", initié par l'ONU. Cette situation de chaos profite toujours à l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech), qui avait lancé à plusieurs reprises des attaques contre les principales villes pétrolières du pays. La dernière attaque contre les sites pétroliers remonte à samedi soir, durant laquelle les éléments de Daech ont tué cinq gardes et blessé six autres, ont rapporté les médias locaux. Par ailleurs, selon le journal électronique Bawabat al-Wasat, Daech a imposé aux habitants de Syrte, qu'il contrôle totalement, de payer un loyer au risque de se voir expulsé de leurs domiciles. Ainsi, ils doivent payer entre 100 et 120 dinars libyens pour demeurer chez eux, car pour l'Etat islamique toutes les terres et les constructions qui se trouvent dans Syrte, où ce qu'il appelle "l'Emirat de Syrte", lui appartiennent. La structure, créée spécialement à cet effet par Daech, a donné trois jours aux habitants de cette ville pour s'acquitter de cette redevance, faute de quoi ils seront expropriés et jetés à la rue. Merzak Tigrine