L'Algérie qui était, il y à 20 ans, une zone à faible risque en matière de cancer colorectal, est devenue ces dernières années un pays à risque intermédiaire où ce type de cancer est devenu plus fréquent. L'Algérie enregistre, en termes de chiffres, 18 cas de cancer colorectal pour 100.000 habitants, soit 6.000 cas enregistrés chaque année. Telles sont les données communiquées par le professeur Bellaha Larbaoui, chef de service oncologie au Centre anti-cancer (CAC) d'Oran, en marge des Journées internationales de cancérologie, tenues les 7 et 8 avril à Taghit, wilaya de Béchar. Les spécialistes en oncologie préviennent que l'incidence du cancer du colon augmente régulièrement avec l'âge. Le risque devient plus sérieux à partir de 45 ans et double ensuite à chaque décennie. Ils affirment que l'évolution du cancer colorectal conduit à un taux de mortalité avoisinant les 50% et constitue «un problème de santé publique». Mais ils affirment que cette pathologie est la seule qui guérit à 90% si elle est diagnostiquée précocement. Et d'insister qu'une alimentation équilibrée et saine, riche en légumes et en fruits, ainsi qu'un exercice physique régulier peuvent réduire l'évolution de cette pathologie dans notre pays et ailleurs. Les participants à ces journées regrettent le fait que la moitié des cancers colorectaux sont diagnostiqués à des stades avancés et/ou métastatiques, rendant par conséquent leur prise en charge difficile avec des résultats relativement décevants. Il faut savoir également que le cancer colorectal est classé en troisième position, après le cancer du poumon et de la vessie, chez l'homme, et le cancer du sein et du col utérin, chez la femme, selon le Pr. Larbaoui. Et celui-ci de souligner que les sujets jeunes en Algérie sont plus atteints par le cancer colorectal que les Occidentaux, dont la moyenne d'âge d'atteinte de ce type de cancer est de 64 à 70 ans. En Algérie, c'est autour de 50 ans. Le professeur Larbaoui parle des avancées enregistrées en Algérie malgré quelques insuffisances. Il a précisé qu'actuellement, l'Algérie adopte de moins en moins de traitement radical «amputation» dans le cas du cancer colorectal et moins d'ablation pour le cancer du sein. « On était à 100%, on est aujourd'hui à 30% ». Et d'affirmer que des méthodes et des traitements conservateurs sont de plus en plus adoptés en Algérie. Le laboratoire allemand Merck, spécialisé dans les sciences et les technologies, a organisé dans le cadre de ces journées un symposium sur le cancer colorectal métastatique. « La collaboration est la clé du succès, non seulement pour développer et offrir les meilleurs traitements, mais aussi une nécessité pour une prise en charge pluridisciplinaire efficace des patients », a déclaré Moncef Meklati, directeur général de Merck pour l'Algérie. Soulignant la nécessité de choisir le bon traitement, les bonnes méthodes pour arriver aux meilleurs résultats. Il faut noter que ce grand rendez-vous international, organisé par la faculté de médecine d'Oran, le Centre anti-cancer d'Oran Emir Abdelkader et la faculté de médecine de Béchar, service de chirurgie générale « B », a regroupé plus de 120 oncologues, radiothérapeutes, gastro-entérologues, chirurgiens et anatomopathologistes, tous venus échanger sur les dernières pratiques collaboratives pouvant améliorer le diagnostic, le traitement et le suivi des patients.