Conçu par Laurent Fabius quand il était en charge de la diplomatie française et mis en œuvre par Jean-Marc Ayrault son successeur, le projet d'une conférence internationale sur le dossier israélo-palestinien a réunir à Paris le 30 mai prochain est apparemment toujours à l'ordre du jour sous les lambris du Quai d'Orsay. Mais il apparaît clairement que l'initiative française est confrontée à des oppositions et réticences qui pourraient faire échouer son objectif qui est la reprise du processus de négociations de paix entre Israël et les Palestiniens. Il est a craindre de ce fait que la participation internationale à cette conférence ne permettra pas d'élaborer une feuille de route pour la reprise du dialogue direct entre les protagonistes israélo-palestiniens en l'absence des puissances concernées par le conflit. Or, c'est ce qui pourrait être le cas sachant que les Etats-Unis n'ont pas encore décidé s'il y aura ou non participation américaine à la conférence. Leur absence réduirait à l'évidence singulièrement la portée de la rencontre et la crédibilité de ses propositions. L'attitude de Washington n'est pas pour surprendre. Il s'affiche du côté américain une méfiance à l'encontre de toute initiative sur le dossier palestinien qui voudrait le sortir du tête-à-tête triangulaire américano-israélo-palestinien. Même si celui-ci a échoué a en faire bouger les lignes dans le sens d'un accord pour sa résolution, Obama et son administration n'ont pas franchement opposé une fin de non recevoir à l'initiative française mais se donnent le prétexte pour une absence américaine à Paris le 30 mai. La Maison-Blanche et le département d'Etat estiment en effet qu'une présence américaine à la conférence est de nature à «perturber » la candidature d'Hillary Clinton dont les relations avec Benyamin Netanyahu sont excellentes. Au-delà de ce prétexte électoraliste, l'attitude américaine est surtout déterminée par le calcul qu'en obtenant l'accord de Paris pour un report de la tenue de la conférence à l'après-élection américaine il y aurait très peu de chance que le ou la gagnante de celle-ci donne son aval à une participation américaine. Il n'y a pas de doute qu'Israël qui a d'emblée pris position contre l'initiative française a exercé des pressions qui n'autoriseront pas Obama et Kerry à faciliter la tâche à la diplomatie française même si Paris a revu à la baisse l'ambition du but qu'elle s'est fixé initialement à travers son projet de conférence internationale. Outre que la France a renoncé à la reconnaissance automatique de l'Etat palestinien en cas d'échec de la rencontre, elle n'envisage également plus qu'il y soient formulés des axes et des étapes contraignants au processus de négociations de paix. Ce qui est pourtant est l'exigence formelle de l'Autorité palestinienne qui, elle, approuve et soutient l'initiative française. Jean-Marc Ayrault se rendra ces jours-ci à Jérusalem et à Ramallah, probablement déjà averti qu'il ne pourra amener Benyamin Netanyahu à changer de position sur l'initiative française ni l'Autorité palestinienne à se satisfaire de discours grandiloquents mais vains à faire pratiquement avancer le principe de la création dans les plus brèves échéances de l'Etat palestinien.