Rien ne se fera sans un gouvernement d'Union, reconnu par tous, et un front armé uni pour combattre Daech' qui a étendu son influence au-delà de la ville libyenne de Syrte. C'est en substance, le message délivré par la Communauté internationale qui s'est réunie, hier, dans la capitale autrichienne, en vue de définir une stratégie de sortie de crise face à la menace terroriste et au flux migratoire. Cette réunion, présidée par le chef de la diplomatie italienne Paolo Gentiloni et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, s'est imposée devant l'enlisement de la Libye, dans un bourbier interne à cause de l'entêtement de Tobrouk à ne pas reconnaître le gouvernement d'Al Sarraj. Pourtant, une lueur d'espoir avait accompagné l'installation du gouvernement d'Union à Tripoli, reconnu par les milices de Fadjr Libya', en attendant que le gouvernement parallèle, installé dans l'Est, le reconnaisse à son tour. Une prévision qui a tardé à se concrétiser entraînant une course entre les forces militaires des deux camps pour combattre Daech' à Syrte pour imposer chacun sa présence par la force des armes. Ce à quoi a répondu le président de la Commission Défense du Sénat italien, Nicola Latorre, comme étant «une erreur» alors que pour Claudia Gazzini, analyste à l'International Crisis Group, «une opération militaire pour libérer Syrte requiert une plus grande coordination des forces de sécurité pour des raisons à la fois tactiques et politiques». Mais ce qui est certain, c'est que tous les acteurs extérieurs au conflit libyen s'accordent à refuser cette division politique, en Libye, devant le renforcement des rangs de l'Etat islamique dont le contingent compte entre 3.000 à 5.000 combattants, en territoire libyen. Des forces qui risquent d'être renforcées par d'éventuelles recrues étrangères. Même la proposition des Américains d'assouplir l'embargo de l'ONU sur les armes, imposé au début de la révolte contre le régime de Kadhafi, en 2011, risque de ne pas changer grand-chose à la donne tant que le gouvernement d'Al Sarraj n'a pas imposé son autorité à tout le pays, miné par la sédition. Pourtant, et dans un communiqué sanctionnant la rencontre de Vienne, la Communauté internationale, réunie à Vienne, au chevet de la Libye, déclare qu'elle «soutiendra, totalement, les efforts» du nouvel exécutif libyen qui va demander la levée de cet embargo et est «prête à répondre aux demandes du gouvernement libyen en vue d'entraîner et d'équiper la Garde présidentielle et les forces autorisées». Un gage de sécurité pour renforcer le gouvernement d'Union. Mais le chef de la diplomatie allemande, Franz-Walter Steinmeier, l'a, lui-même, reconnu affirmant que «les possibilités de ce gouvernement restent limitées, tant que les conflits internes, la compétition entre deux pouvoirs rivaux ne sont pas surmontés». Les choses sont donc claires et la future mission des Américains est de convaincre Tobrouk et son bras armé le général Hafter d'allégeance à Tripoli. Hafter qu'on disait proche de Washington et des monarchies du Golfe, va-t-il pour autant obtempérer, lui qui rêve de devenir le futur homme fort du pouvoir libyen ? Les Américains auront fort à faire pour unifier tout ce beau monde, d'autant plus que même les menaces françaises de sanctions contre les responsables politiques libyens qui bloquent la formation d'un gouvernement d'Union nationale, n'ont pas été suffisantes. Pendant ce temps, Daech', qui s'est emparé, la semaine dernière de la localité d'Abou Grein, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Syrte, se fortifie et se prépare à une nouvelle guerre.