Fayez al Sarraj sera mandaté pour la campagne sécuritaire contre l'EI Présidée conjointement par le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, et par le secrétaire d'Etat américain John Kerry, cette réunion de Vienne a regroupé les principaux «acteurs» régionaux et internationaux. La réunion consacrée à la situation en Libye s'est tenue hier en présence des ministres des Affaires étrangères européens, des Etats-Unis et des pays voisins de la Libye dont le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel. L'inquiétude dont font preuve les pays européens qui redoutent une pression de plus en plus forte des migrants a pesé sur les discussions, au moment où le groupe de l'Etat islamique a entrepris ces dernières semaines d'étendre son influence au-delà de la zone de Syrte contrôlée depuis un an environ, à l'ouest du pays. Le gouvernement d'union nationale conduit par Fayez al Sarraj et appuyé par la communauté internationale ainsi que par le groupe des pays voisins de la Libye peine à renforcer son autorité, même si la reconnaissance a commencé à se faire petit à petit dans la région de Tripoli, principalement. Les divisions politiques restent néanmoins profondes, comme le montrent les divergences autour du cas du général Haftar, commandant des forces «loyales» au Parlement et au gouvernement de Tobrouk qui tentent, sans trop le manifester, de jouer la montre dans l'espoir que la donne vienne à changer. Présidée conjointement par le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, et par le secrétaire d'Etat John Kerry, cette réunion de Vienne a regroupé les principaux «acteurs» régionaux et internationaux concernés par la problématique libyenne en vue de soutenir le «processus de stabilisation» du gouvernement Al Sarraj dont il est attendu qu'il mette en oeuvre un plan de bataille contre le terrorisme, en général, et les ambitions de Daesh, en particulier. Les éléments de l'EI se sont emparés, voici une semaine à peine, de la localité d'Abou Grein, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Syrte, après plusieurs attaques contre les forces de Misrata et celles du général Haftar, aux alentours de son fief de Benghazi. Ces incursions sont inquiétantes dans la mesure où elles signifient une volonté explicite de progresser vers Tripoli. Les nombreuses dissensions politiques et les carences sécuritaires conjuguées ont contribué, durant plus d'un an, à l'essor de l'EI en Libye, au point que le groupe terroriste est devenu une menace sérieuse pour les pays voisins ainsi que pour l'Europe. C'est pourquoi l'objectif des dirigeants européens, sans doute appuyés par John Kerry et les Etats-Unis, sera de tracer une feuille de route pour soutenir le gouvernement Al Sarraj, mais aussi et surtout pour décider de la riposte à cet enjeu sécuritaire. Déjà, jeudi dernier, des responsables et des diplomates américains avaient déclaré que les Etats-Unis sont prêts à assouplir l'embargo de l'ONU sur les armes imposé en 2011, afin de permettre aux nouvelles autorités de lutter plus efficacement contre l'EI. Le passage à l'acte est désormais impératif depuis que le général Haftar a annoncé, de son côté, vouloir accélérer les préparatifs et lancer en premier une offensive contre Daesh. Initiative qui aura pour conséquence non seulement d'hypothéquer le dialogue politique en vue d'une réconciliation avec Tripoli, mais également d'amoindrir les capacités d'une lutte efficace face à l'EI. C'est pourquoi la réunion de Vienne fixe une échéance première, à savoir l'unification des rangs sous la bannière du gouvernement Al Sarraj, seul interlocuteur agréé de la communauté internationale et maître de la stratégie dont les bases seront tracées en commun accord. La libération de Syrte, estiment les pays réunis à Vienne, résultera de cette union sacrée et de la coordination complète des forces de sécurité libyennes. Comme ils sont convaincus, par ailleurs, que seul un gouvernement Al Sarraj fort et reconnu sera capable d'endiguer le flux migratoire tant redouté par l'Italie, distante de 300 km à peine des côtes libyennes, le Parlement britannique ayant dernièrement qualifié d' «échec» les opérations navales sous l'égide de l'Union européenne contre les passeurs au large de la Libye. Cette question des migrants empoisonne les attentes des dirigeants européens et bien sûr les pays de la ligne de front que sont l'Italie et, du côté de la Turquie, la Grèce. Ces deux pays supportaient l'essentiel du flux des migrants et des réfugiés, attendant en vain une solidarité effective de leurs partenaires européens dont la plupart rechignaient à accueillir les quotas décidés à Bruxelles, par peur des conséquences électorales en leur sein où l'extrême droite surfe avec délectation sur la menace pesant sur l'identité judéo-chrétienne de la vieille Europe. Avec un groupe de l'Etat islamique de plus en plus agressif et les coups de boutoir répétés des autres groupes terroristes au Sahel, comme Al Mourabitoune et Boko Haram, notamment, le danger a atteint son niveau d'alerte maximale. C'est pourquoi l'Italie pèse de tout son poids face à ce qu'elle considère comme une urgence absolue, en Méditerranée, pour une intervention armée, sinon directe, au moins conséquente à travers un soutien puissant au gouvernement d'union et à Al Sarraj, à charge pour eux d'engager sans délai la lutte contre le double fléau du terrorisme et de la migration.