« Si on n'assainit pas le paysage publicitaire, je considère que j'ai échoué dans mon mandat électoral à la tête de la ville d'Oran. Je ne suis pas trois quarts de maire. Entre les annonceurs et l'APC, il y a la loi. Bien au-delà de l'objectif financier, notre souci majeur est la mise à l'ordre de l'espace public ». Noureddine Boukhatem se dit «résolument décidé» à mettre fin à l'anarchie de la «pub» sur la place d'Oran. « Nous ne sommes plus au stade de l'intention. C'est le passage à l'acte», soutient-il, tout en reconnaissant la difficulté de la mission. «Il est temps que la ville redevienne maître de ses outils de financement et qu'elle garantisse un espace public délesté d'espaces publicitaires qui ne servent ni le paysage, ni les gens », ajoute-t-il. Il est vrai que le thème de la mise à jour de la publicité sur l'espace public revient en boucle au gré des quinquennats électoraux. Très souvent pour la consommation interne, pas plus. Il y a eu par le passé quelques tentatives, plutôt plus proches de l'amateurisme que du professionnalisme. Sans assise réglementaire ni conception technique spécifique à la base, on a assisté, et on assiste toujours et de façon plus accrue même, à une prolifération tous azimuts de panneaux, enseignes, pancartes, toiles murales « Ça suffit ! La récréation est finie. De la même manière qu'on est venu à bout des gares routières qui clochardisaient notre ville, nous en finirons avec ces panneaux horribles. Ce n'est pas une campagne de démantèlement que nous brandissons, on n'est pas dans le même registre. Là, la solution passe par la mise en place d'un arsenal réglementaire et des balises techniques, ce qui a déjà été fait », indique le président de l'APC. En effet, un cahier des charges vient d'être élaboré et sera bientôt mis à la disposition des annonceurs, ainsi qu'un avis d'adjudication qui sera lancé incessamment par la Division de la réglementation et des affaires générales (DRG) de la commune d'Oran portant sur la mise en concession d'une soixantaine de sites publicitaires. Une commission a été mise en place, par ailleurs, présidée par un vice-président de l'APC, ingénieur en urbanisme, qui a pour mission principale de veiller au respect rigoureux de la réglementation lors de l'installation des supports publicitaires, et de façon générale, au respect par l'annonceur contractant du contrat pub qui le lie avec la commune. La manne publicitaire «oui», mais l'éthique «d'abord» En fin de semaine écoulée, le maire rassemblait son staff exécutif pour leur notifier la décision d'interdiction, à effet immédiat, de l'implantation de tout élément publicitaire aux 12 secteurs urbains. Ceux-ci ne sont plus habilités désormais en matière d'autorisation d'installation d'outils publicitaires. La prérogative échoit exclusivement à ladite commission compétente, sous le contrôle étroit du maire. Visant à préserver le cadre de vie des citoyens et à sauvegarder la cohérence esthétique du tissu urbain, du patrimoine de la ville et ses activités socioéconomiques, des critères draconiens sont exigés par le nouveau cahier des charges, tels que la qualité, les dimensions et l'emplacement des panneaux à implanter. Il a été procédé, également, au découpage de l'espace publicitaire autorisé en zones. Le tarif arrêté, situé dans une fourchette de 1 à 3 millions de DA, est en fonction de la «valeur» de chaque zone, en tenant compte d'un ensemble de paramètres. L'on estime que 80% des panneaux présents sur la place d'Oran en situation irrégulière et donc illégale, soit, sur le plan financier, un manque à gagner pour la trésorerie communale de plusieurs millions de DA. Cependant, dans sa quête logique et légitime de recettes en dehors de celles générées par son patrimoine, pour l'essentiel, à travers les droits de publicités, espace public et mobilier urbain compris, le conseil municipal ne doit jamais perdre de son esprit que l'opération «doit viser à offrir un meilleur service public demain qu'hier, il doit être neutre pour les finances communales et en aucun cas ne faire dépendre le public du privé ou l'inverse». D'aucuns relèvent que la publicité dans l'espace public est devenue bien trop envahissante et véhicule des messages qui vont à l'encontre des valeurs que portent le service public et la collectivité. En particulier, pour les plus jeunes. Il va de la mission de service public communal de préserver ces publics. Il y a des principes éthiques. L'approche doit reposer sur deux idées-forces : la première est que la ville n'a ni à investir pour les opérateurs privés, ni à dépendre du revenu que ceux-ci tirent de la publicité ; la seconde est d'établir des zones sans publicité.