Le Pentagone a rejeté la proposition russe émise par le ministre de la Défense de Moscou de frappes aériennes en Syrie contre l'organisation terroriste le Front El Nosra qui seraient planifiées et menées conjointement par les forces aériennes russes et celles de la coalition menée par les Etats-Unis. Le refus américain peut paraître incompréhensible aux naïfs qui ont cru que les Etats-Unis et la coalition qu'ils conduisent ont pour objectif en Syrie d'éradiquer les organisations terroristes qui profitant de la militarisation de la crise syrienne se sont taillé des fiefs dans le pays et ont acquis les capacités d'étendre la menace terroriste à l'ensemble de la région et de s'en prendre même à la sécurité de l'Occident. Il leur faut à ces naïfs se rendre à l'évidence qu'il y a une flagrante ambiguïté dans la guerre contre le terrorisme que les Américains prétendent mener en Syrie. Comment en effet voir une adéquation dans le fait que dans ce pays ils justifient leurs interventions par cette lutte antiterroriste alors qu'elles épargnent l'une des principales organisations terroristes qui y opèrent, le Front Al Nosra, ainsi que celles qui combattent à ses côtés et en totale adhésion à ses méthodes de lutte et buts de celles-ci. En Syrie, l'engagement américain ne vise pas en réalité à faire la guerre à toutes les organisations terroristes qui s'y trouvent. C'est ainsi que si la coalition qu'ils conduisent frappe effectivement contre Daech, elle épargne par contre le Front El Nosra et ses alliés. La raison en est que les Etats-Unis et les autres membres de la coalition sont en alliance objective et avérée avec cette organisation terroriste qu'ils instrumentalisent au but de parvenir à leurs véritables fins en Syrie qui est la chute du régime. Le refus américain d'élargir les frappes de la coalition à l'organisation terroriste El Nosra et à celles qui font front commun avec elle découle du fait que les stratèges états-uniens considèrent, tout comme l'a cyniquement affirmé l'ex-ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qu'elle «fait du bon boulot». Ce «bon boulot» est celui d'avoir contraint le régime à engager contre elle le principal de ses forces militaires ce qui sauve de l'écrasement total la rébellion armée «modérée» sur laquelle misent les membres de la coalition en tant qu'alternative politique dans le conflit. Il est clair que les Russes qui n'ignorent rien de l'alliance objective scellée en Syrie entre les Etats-Unis leurs partenaires dans la coalition antiterroriste et El Nosra ainsi qu'autres organisations du même acabit, savaient d'avance que leur proposition de frappes conjointes contre ces dernières allait essuyer un refus. Mais en la faisant ils ont mis à nu les calculs qui sont à l'origine de l'engagement en Syrie des Etats-Unis et autres pays de la coalition. En l'émettant, les Etats-Unis ont fait malgré eux l'aveu que quand il y va de l'intérêt géopolitique américain, ils n'ont aucun scrupule à nouer alliance avec des organisations terroristes qu'eux-mêmes qualifient comme telles. Cette politique de la duplicité est une constante chez les Américains. Elle est le sceau de tous les engagements à travers le monde de cette puissance qui lui donne pour justificatif que «la fin justifie les moyens» qu'elle emploie. El Nosra est à ce titre un moyen pour l'Amérique d'arriver aux fins qu'elle s'est fixées en Syrie et peu lui importe qu'elle soit une organisation terroriste et l'abject dessein qu'elle poursuit dans ce pays.