Intervention musclée, hier, du Premier ministre Abdelmalek Sellal, devant un parterre d'artistes, de ministres, d'intellectuels et d'ambassadeurs. M. Sellal a, en fait, lors d'un forum international sur la propriété culturelle, agité le glaive de l'interdiction des chaînes de télévisions privées qui ne sont pas dûment agréées pour exercer en Algérie. Dans un discours d'un peu plus de dix minutes, il a indiqué avoir chargé le ministre de la Communication (Hamid Grine) «d'organiser et d'assainir en urgence» la situation des chaînes TV privées. Il a indiqué, notamment, que sur les 60 TV privées, de droit étranger, qui activent en Algérie, seulement 5 sont agréées. Pour lui, certaines de ces TV privées ont «franchi les lignes rouges», qui sont «le respect des principes de la société algérienne, et la dignité des Algériens.» Pèle mêle, il accuse, notamment, des chaînes de TV privées, qui «usent de publicité mensongère, la manipulation, l'humiliation», ce qui est de nature à donner lieu «à la Fitna' au sein de la société algérienne», outre le fait que ces mêmes TV «encouragent le régionalisme», avant de les accabler en les accusant d'évasion fiscale et de fuite de devises.» Et, puis ces TV privées, poursuit-il, pratiquent «le chantage, la diffamation, la divulgation des secrets des instructions judiciaires, ainsi qu'une inacceptable pression sur les cadres de l'Etat». Dès lors, «le temps est venu d'appliquer la loi à tous, dans la transparence», a-t-il prévenu. Il a confirmé par ailleurs que pour le gouvernement, et hormis cinq chaînes agréées, les autres activent «dans un cadre illégal, c'est-à-dire en offshore.» Et, en attendant l'installation de la commission nationale de l'Audiovisuel, qui doit élaborer un cahier des charges pour l'agrément des chaînes TV privées, il a indiqué, donc, avoir «chargé le ministre de la Communication, qui représente le gouvernement, d'organiser et assainir la situation, en urgence.» M. Sellal a affirmé, en outre, qu'un cahier des charges a été mis en œuvre, récemment, «pour tous les opérateurs des chaînes TV. Toutes les chaînes qui respectent ce cahier des charges, seront agréées comme chaînes algériennes, qui auront le soutien et l'encouragement dictés par la loi. Quant aux autres, (qui ne respecteront pas ce cahier des charges), elles seront interdites d'activer sur le territoire algérien», a prévenu le Premier ministre, qui a expliqué que «ceci ne veut pas dire qu'on revient sur l'ouverture du secteur, mais mettre en place une organisation qui est la même, partout dans le monde.» «Oui, à la liberté de la presse, mais non à la Fitna' et aux discours et apologie de la violence, oui à la culture de la citoyenneté», a-t-il, notamment, souligné. «A ceux qui veulent exploiter le métier d'informer pour réaliser des objectifs personnels, et attenter à la culture et la civilisation algérienne, je leur dis que votre adversaire n'est pas seulement le gouvernement, mais également le peuple algérien, qui refuse votre aventurisme.» M. Sellal clôture son discours en affirmant qu' «à partir de ce jour, il ne sera plus accepté tout dépassement, et la loi sera appliquée, dans toute sa rigueur et dans toutes les circonstances», car «nous sommes déterminés à combattre la fraude dans tous les domaines.» Fin décembre dernier, le ministre de la Communication, à propos des chaînes TV privées, avait indiqué qu'il souhaitait que celles qui n'avaient pas d'agrément, cessent d'émettre». Depuis l'ouverture du champ audiovisuel, en 2011, plus d'une quarantaine de chaînes privées ont vu le jour, mais la plupart ne sont pas actives. Cinq d'entre elles ont obtenu un agrément, et travaillent, en toute légalité, avec un statut de «droit étranger». Et, jusqu'à ce discours de M. Sellal, les autorités avaient, plutôt, toléré les activités des autres chaînes TV, qui, pourtant, comptent obtenir leur agrément, même si, selon le ministre, son département «n'acceptera pas la logique du fait accompli».