A l'approche de ramadan, la fièvre des épices s'empare des ménages de tout l'ouest du pays, voire au-delà. C'est devenu un rite chez ces ménages que de faire une virée à Maghnia pour faire des achats en épices et autres produits exotiques. Le mois qui précède ramadan est depuis les années 80 la période pendant laquelle le tourisme commercial connaît son pic au grand bonheur des marchands d'épices qui trouvent là la principale aubaine pour augmenter leur chiffre d'affaires. Au quotidien, la ville de Maghnia vit une affluence particulière laquelle n'est pas pour arranger la situation, déjà très difficile, de la circulation automobile. En plus de l'impressionnant nombre de véhicules qui affluent de toutes régions, des dizaines de bus dont les propriétaires ont pris, au fil des années, l'habitude en cette période de s'improviser organisateurs d'excursion, envahissent la ville. Afin d'éviter une quelconque pénurie qui risque de fausser leurs calculs, les marchands se sont préparés en conséquence. A quelques jours de ramadan, une ambiance de fête règne au marché couvert notamment où les étals sont les plus fournis par toutes sortes d'épices et fruits secs qui feraient le bonheur des plus exigeants. Toutes les boutiques, au marché et ailleurs dans la ville, sont prises d'assaut dès les premières heures de la journée. Cette semaine, particulièrement, le marché de la ville n'a pas désempli. Il a changé de visage et est devenu un important pôle où une gamme très large de produits est présente et où les marocains disputent leur morceau de gondole aux produits d'importation. Tout est raflé par les visiteurs, les inévitables raisins secs et pruneaux, l'amande, les viandes, fruits et légumes et jusqu'au poulet rôti. Le pain et autres galettes traditionnels, faits à base d'orge et de semoule, sont également prisés presque autant que les épices qui, eux, suscitent un emballement particulier auprès de cette impressionnante vague de touristes qui sème dans son sillage la flambée des prix pour les locaux. Selon un marchand d'épices, cette année le client payera ces produits, notamment les épices et les fruits secs, 10 à 20% plus que le précédent ramadan. A titre indicatif, le kg de paprika (poivre rouge) jusqu'à 1000 DA, poivre noir 2000 DA, carvi 700 DA, cumin 800 DA, mélange d'épices 700 DA ou encore le safran de qualité supérieure (non prouvée) à 60 millions le kg (0.75 gramme pour 450 DA). Quant à la datte, elle a déjà annoncé la couleur ; elle va jusqu'à 1200 DA le kg pour certaines qualités. C'est là un pic ponctuel qui contribue avec d'autres facteurs (narcotrafic, contrebande, le déclin du travail de la terre ) à la hausse des prix des produits de consommation, du foncier et de l'immobilier, plus particulièrement. Maghnia est devenu ainsi, la ville où la vie est la plus chère du pays. «La cherté pendant ramadan n'est en fait qu'un coup qui assomme, plus que certains autres, les faibles et moyens revenus », dira cet enseignant qui remontait de Souk Tléta (souk bi-hebdomadaire) où les prix des fruits et légumes sont relativement plus cléments.