Les binationaux ne possédant pas encore le passeport biométrique pourront toujours voyager en Algérie avec la présentation d'un passeport d'une nationalité étrangère et de la carte d'identité nationale a déclaré, à partir de Paris, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. Le ministre d'Etat a cependant tenu à préciser que cette mesure n'est pas permanente «prorogée pour une courte période», à titre exceptionnel, et qu'elle répond à au souci du «cœur» du gouvernement algérien à servir ses compatriotes. Pourtant, à l'annonce de cette mesure en 2015 pour pallier à l'incapacité des consulats à satisfaire les demandeurs de passeports biométriques, il était question d'une disposition en vigueur pour toute l'année 2016. L'information avait été révélée en décembre dernier par le député de l'émigration, Mourad Bouras, sur sa page facebook, après la visite du ministre de l'Intérieur, Nourredine Bédoui, en France. Une année, c'est, selon lui, le temps nécessaire pour permette aux consulats algériens de satisfaire la demande en passeports biométriques. A l'époque, on se rappelle que l'opération de la délivrance de ce document de voyage dans les consulats algériens à l'étranger et particulièrement en France, avait parfois tourné à l'émeute, avec des témoignages frisant le fait divers, alors que même le ministre Lamamra, qui avait rendu visite en décembre dernier au consulat de Nanterre, s'était élevé contre les conditions d'accueil des Algériens qui formaient des queues aux abords de l'adresse consulaire. Une situation déjà dénoncée par Chafia Mentalechta, députée algérienne de l'émigration pour le nord de la France, dans une interview accordée en 2015 au journal électronique TSA. La députée avait clairement affirmé que tous les binationaux ne pourront pas obtenir leur passeport biométrique avant le 27 novembre 2015 «date butoir rédhibitoire où tous les ressortissants du monde devront avoir un passeport biométrique pour pouvoir circuler». A propos de la mesure du gouvernement concernant la carte d'identité, elle a indiqué qu'elle n'a pas eu l'effet escomptée «c'est-à-dire le désengorgement des consulats». «Au lieu de faire la queue pour le passeport biométrique, tout le monde a fait la queue pour la carte d'identité algérienne puisque cette dernière est délivrée sur-le-champ», explique-t-elle, précisant qu'une note consulaire indiquait «qu'à partir du 1er janvier 2016 cette tolérance ne sera plus d'actualité. Il faudra donc soit avoir un passeport biométrique algérien, soit un passeport français muni d'un visa». C'est dire tout l'imbroglio qui a suivi ce dossier, perturbant un peu plus la communauté algérienne établie à l'étranger. Pour Mme Mentalechta, cette mesure de «facilité» a créé des problèmes concernant le désengorgement des consulats et pénalisant «les Algériens qui résident en France ayant une carte d'identité algérienne sans avoir de passeport français». Elle évoque même la possibilité de «problèmes très graves de sécurité» arguant que «notre carte nationale d'identité n'est pas biométrique, elle n'est pas sécurisée. N'importe qui peut faire une fausse carte nationale d'identité. On aurait pu avoir des terroristes qui rentrent !».