Il est question de permettre aux Algériens de continuer à voyager avec le passeport étranger et la CNI pour parer aux retards enregistrés dans la délivrance du document biométrique. Il est clair que les autorités algériennes sont allées vite en besogne en annonçant l'interdiction aux binationaux d'entrer sur le territoire algérien sur la seule et simple présentation d'un passeport étranger et une carte d'identité nationale. Il est exigé, carrément, le passeport biométrique ou la présentation d'un visa comme cela est valable pour un étranger. Mais l'un dans l'autre, il aurait été plus judicieux de tenir compte de toutes les difficultés auxquelles est confrontée la communauté algérienne établie à l'étranger pour l'obtention du passeport biométrique. Des témoignages font état de rendez-vous pris sur six mois notamment auprès de certains consulats où existe une grande concentration de nos ressortissants. "La communauté nationale en France est estimée à 1,8 million d'immatriculés dans les consulats auxquels il faut ajouter les mineurs, les Algériens non immatriculés et les binationaux n'ayant pas une grande relation avec les consulats. La communauté algérienne dans le monde est estimée entre 4,5 et 5 millions", nous a déclaré hier Djamel Bouras, député de l'émigration visiblement ravi de la décision prise par les autorités algériennes de revoir leur position sur la question. Il s'agit, selon notre interlocuteur, de permettre aux Algériens de continuer, à voyager avec le passeport étranger et la CNI jusqu'à janvier prochain et probablement en 2017. "En France, seulement 1,3 million de personnes ont eu leur passeport biométrique", fait remarquer M. Bouras comme pour illustrer la complexité de la situation qui, inéluctablement, demande du temps pour être résolue. Il poursuit : "Le gouvernement a juste décidé de doter les consulats de machines pouvant imprimer des passeports biométriques d'urgence valables un an. Mais il faut un décret exécutif pour débuter l'opération." Il ira dans le détail et dira : "En mars 2015, je suis intervenu auprès de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN, Algérie) tutelle de la PAF pour généraliser cette facilité à l'ensemble des ports et aéroports algériens. La mesure a permis de désengorger un peu les consulats en laissant la place à ceux qui ne disposent que de la nationalité algérienne. Mais la médiatisation de cette généralisation a mis dans la gêne certains qui ont fait pression sur le ministre des Affaires étrangères pour annuler cette facilité avec pour arguments la souveraineté nationale et que la CNI est facilement falsifiable." Suite à cela, le ministère des Affaires étrangères s'est empressé, en août dernier, d'adresser une note aux consulats pour annoncer la décision qui a fait tache suscitant colère et désarroi. Bouras, précise pour sa part, qu'"il n'est pas des prérogatives du MAE de déterminer les règles de gestion de la PAF mais plutôt de celles de l'Intérieur en sa qualité de tutelle de la DGSN et de la PAF". Notre interlocuteur, qui n'a pas manqué d'aborder le sujet avec Noureddine Bedoui lors de sa visite récente en France et l'interroger sur la note affichée au consulat de Bobigny concernant ce propos, aura comme réponse : "Pour le moment rien n'a été décidé par le gouvernement." Cela implique qu'à ce jour, la PAF algérienne n'a pas communiqué sur un éventuel changement. "J'ai sollicité M. Bedoui pour maintenir la facilité au moins jusqu'à ce que le retard soit résorbé", a conclu Djamel Bouras...