Tradition bien établie, héritée de grands-mères rigoureuses et pieuses, la préparation du Ramadhan est menée avec une attention et une dévotion toutes particulières par les femmes. C'est l'occasion de changer de vaisselle et peindre la maison et de faire une nouvelle décoration. Les marmites des soupes sont à l'honneur, les soupières, les tasses, les bols, etc. à moins d'une quinzaine de jours du mois sacré, on ne parle que d'achats et de veillées. En plus des épices, la tournée pour faire les emplettes du ramadhan ne peut pas être complète sans un passage vers les magasins spécialisés dans la vente de fruits secs. Les produits de luxe sont consommés durant ce mois à l'exemple des pruneaux, raisins secs et amandes. A titre indicatif, les raisins secs sont proposés à prix différents et ce, selon leur qualité: entre 600 et 1.400 DA le kg ; les pruneaux en vrac sont cédés à 500 DA le kg, par contre ceux d'outre-mer (Agen) entre 800 et 1000 DA, le prix des cacahuètes pour le moment oscille entre 380 DA et 450 DA le kg, les abricots secs très prisés durant le mois de Ramadan sont écoulés entre 600 et 800 DA le kg. Enfin, les amandes sont proposées entre 1.000 et 1.400 DA le kg. Notons que ce produit connaîtra, il n'y a pas de doute, une hausse du prix à l'approche de la fête de l'Aïd El Fitr. Les magasins spécialisés dans le commerce d'épices et de fruits secs sont très sollicités, de même que les traditionnels achats de vaisselle, à l'occasion du mois sacré. Le marché de Mdina Jdida, envahi quotidiennement par les consommateurs, connaît une plus grande affluence, une véritable ruée depuis quelques temps déjà sur les produits, dans les magasins et ceux étalés à même le sol par les vendeurs à la sauvette qui proposent des prix plus cléments, selon certains. Tout est raflé. Certains magasins ont sorti le grand jeu pour attirer la clientèle. Comme un invité cher et particulier, chaque famille se prépare à recevoir Ramadan comme le prince des mois et toutes s'accordent à l'accueillir dans la propreté. Ces derniers jours, les magasins de vente de vaisselle installés à Oran et notamment au quartier de Mdina Jdida connaissent une affluence particulière. C'est souvent en groupe que les ménagères prennent d'assaut les magasins où l'on vend de la vaisselle pour dégoter un « tajine », un fait-tout ou une soupière. Il faut acheter des ustensiles neufs qui seront inaugurés dès le premier jour. Et il est vrai qu'il y a foule, à 90 % constituée de femmes. Les articles les plus demandés sont les casseroles, les théières, les thermos, les services, les poêles et surtout, les bols (ghorfia) de la fameuse h'rira et les assiettes et soupières. Pour certaines familles, il est inconcevable que la chorba du f'tour se cuisine dans un autre ustensile qu'une marmite en terre cuite, particulièrement en argile rouge, la bonne et vieille argile. Et pour donner plus d'attrait à l'événement, le palais des expositions abrite depuis quelques jours une foire dédiée au mois sacré. « Le tadjin en terre cuite est très demandé », dira un exposant venu de la Kabylie, rencontré à la foire spéciale Ramadan organisée par l'EMEC (Entreprise des manifestions économiques et culturelles). Une autre tradition a trait également à l'achat, en gros, de légumes et de viandes. Beaucoup d'Oranais, en effet, se sont habitués à prendre la direction du marché de gros ou vers les grandes agglomérations à l'extérieur de la wilaya d'Oran pour s'approvisionner surtout en légumes. Aussi, à quelques jours de ce mois sacré, de nombreuses mères de famille, secondées par des escouades de filles, unissent leurs efforts pour nettoyer à grande eau la maison ou l'appartement, dont les tentures, rideaux et couvre-banquettes sont nettoyés ou carrément changés.