Faute de structures et de moyens matériels, les gouverneurs de Taoudenit et de Ménaka n'ont pas été installés depuis leur nomination, il y a plus de 7 mois. Taoudenit et Ménaka sont deux gouvernorats issus pour le premier de Kigali et le second de Tambouctou. Ils ont été créés à la faveur d'un découpage administratif que les autorités maliennes ont mis en place, il y a plusieurs mois. Rencontré à la 127ème session du CBF qui s'est tenue, jeudi dernier, à Bamako, le gouverneur de Kigali compte beaucoup sur l'Algérie avec laquelle, a-t-il dit, «nous avons des traditions séculaires de coopération». Le gouverneur de Taoudenit nous a affirmé, pour sa part, que «le nouveau gouvernorat est une région qui partage, avec l'Algérie, la plus longue frontière. Régions parmi tant d'autres frontalières qui, nous a-t-il affirmé, «sont complètement dégarnies au regard de l'insécurité qui y sévit». Il pense que les recommandations du CBF, si elles sont mises en œuvre, permettront de «créer à leurs populations, des conditions de vie acceptables parce que la sécurité ne peut être assurée que si ces conditions existent». Sécurité qu'il juge «détériorée, en raison des groupes terroristes qui sévissent dans la bande sahélo-saharienne». L'instabilité dans les zones frontalières et le manque de moyens matériels et de structures adéquates n'ont pas permis aux gouverneurs des deux nouvelles localités administratives d'être installés, effectivement, dans leurs fonctions. Pour l'heure, ils se trouvent, tous les deux, à Bamako. «Rien ne peut se faire sans la mise en œuvre de l'Accord de paix» Du côté algérien, ce sont, particulièrement deux immenses wilayas du Sud du pays : Tamanrasset et Adrar qui sont concernées par la coopération aux frontières ; la première particulièrement avec le Niger. Le Comité bilatéral frontalier (CBF) a retenu, le mois de décembre prochain, pour relancer les concertations entre les walis et les gouverneurs des régions concernées par la coopération frontalière. Il prévoit la tenue d'une réunion, à Adrar, pour, nous dit son wali «voir ce qui pourra être fait, au titre des recommandations de la 12ème session du CBF, apporter des correctifs ou faire d'autres propositions». Rencontré en marge des travaux du CBF, Mustapha Limani affirme que «la mise en application de ce qui a été retenu comme recommandations, n'est pas aussi facile qu'on le pense ; il pourrait y avoir des réticences parce que ce n'est pas tout le monde qui serait d'accord que la paix et la sécurité soient rétablies, dans ces régions». Le wali d'Adrar conforte, ainsi, les propos du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales relatifs à «l'exigence d'un sens aigu de la responsabilité, il faut avoir la foi et une forte volonté pour relancer la coopération, au niveau des frontières, entre les deux pays et sous la menace terroriste». Pour Bedoui, «sans la mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation nationale, sans la sécurité, rien ne peut se faire». Le wali d'Adrar nous rappelle que l'ouverture des frontières, deux fois par mois, entre les deux pays, libère les activités de troc et de commerce. «Ce sont des activités très intéressantes, à travers lesquelles les populations, d'un côté et de l'autre, marchandent chameaux, dattes sèches que «les Maliens apprécient beaucoup», thé, autres produits alimentaires, mangue, gingembre Mustapha Limani nous précise que «les personnes qui pratiquent le troc, aux frontières sont listées, identifiées, et bien connues des services algériens des Douanes et du Commerce, les activités sont minutieusement supervisées». Le wali d'Adrar pense que «le troc doit être encouragé et diversifié, il permet de fixer les populations, cela aidera, beaucoup, au retour à la sécurité et à la stabilité de nos régions limitrophes». «L'Etat a mis le paquet pour sécuriser les frontières» La wilaya d'Adrar s'étend sur 498.000 km2 et abrite 448.000 habitants contre les 229.000 habitants à Tamanrasset dont les territoires sont pourtant plus vastes à raison de 557.000 km2. Si Adrar fait, selon son wali, «359 fois Alger, les 2 wilayas sont séparées par 1.543 km». Timiaouine est le premier point frontalier de la wilaya d'Adrar, distant du Mali de 950 km. Kidal, la ville malienne se trouve à 150km des frontières algériennes. «Bamako se trouve à près de 1.200 km de Kidal, c'est dire que les régions frontalières algéro-maliennes ont tout intérêt à développer leurs échanges et leur coopération,» estime Mustapha Limani. Partageant des frontières avec le Niger, la wilaya de Tamanrasset, elle, a droit à l'ouverture de ses frontières 4 fois par mois. «C'est le même principe de contrôle,» nous dit son wali qui rappelle que la wilaya a, sur ses territoires, deux wilayas déléguées, In Guezzam et In Salah. «Elles se prennent, progressivement, en charge et d'ici deux ou trois ans, elles deviendront des wilayas à part entière,» nous fait-il savoir. Belkacem Silmi qui était, lui aussi, présent à Bamako nous précise que «l'ouverture des frontières, quatre fois par mois, se fait en alternance par deux entrées et deux sorties à partir d'in Guezzam, point frontalier avec Assanaka au Niger». Les deux walis qualifient la création des deux nouveaux gouvernorats maliens : Taoudenit et Ménaka, de «bonne initiative parce qu'ils permettront de rapprocher les populations des autorités locales, ceci, si elles arrivent à s'installer». «Du côté algérien, nos services ont pris toutes les précautions qu'il faut pour sécuriser les régions, la situation sécuritaire est maîtrisée, l'Etat a mis le paquet,» nous dit le wali de Tamanrasset. Belkacem Silmi assure que Tamanrasset a réussi à réhabiliter l'ensemble de son réseau d'AEP. «Le projet de transfert de l'eau d'In Salah vers Tamanrasset a coûté à l'Etat 3 milliards de dollars, le réseau d'eau potable de Tam a été complètement refait, actuellement, on est en train d'installer celui du gaz, on doit aussi refaire la voierie,» nous fait savoir son wali. Reste à savoir si l'ensemble des projets de développement local seront réalisés, en raison du manque de ressources financières, en ces temps de crise. Pour l'heure, Tam fait travailler Nigériens et Maliens, une main-d'œuvre qui est non seulement disponible mais travaille mieux que les jeunes Algériens.