Les souscripteurs des logements publics participatifs (LPP) ont observé, hier matin, leur troisième sit-in, à Alger (devant le ministère de l'Habitat) et à Oran, le deuxième en une semaine, pour dénoncer les «nombreuses irrégularités relevées dans l'exécution effective du programme». Des dizaines de manifestants sont venus, hier matin, devant le ministère de l'Habitat pour dénoncer la «publicité mensongère» dont ils accusent «l'administration en charge du secteur de l'Habitat». Ces «irrégularités» avaient été rapportées, dans le détail, dans deux lettres ouvertes adressées, deux semaines auparavant, au président de la République et au Premier ministre pour «espérer trouver des solutions rapides et efficaces». Dans la lettre ouverte adressée à Bouteflika, les souscripteurs LPP affirment subir «d'immenses préjudices moraux et matériels» au niveau «familial, santé et financier». Ils revendiquent «le maintien du coût du mètre carré fixé à 45.000 DA, adoubé de 20 % d'augmentation, conformément à la législation en vigueur», «le paiement du logement par des crédits, sans intérêt, et par échéanciers directs à l'ENPI » (sans passer par une banque, ndlr), «la réhabilitation et l'admissibilité des retraités, dans le statut initial d'AADL», «la réhabilitation des 6.000 souscripteurs restés sans pré-affectation, alors qu'ils se sont acquittés des paiements requis », et « la suppression de la redevance de 15%, au profit du promoteur immobilier, en cas de désistement du souscripteur». La hausse «inexpliquée» du prix du mètre carré est attribuée par les souscripteurs LPP, au non respect par l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), chargée du programme LPP, du décret exécutif n°14-203, du 15 juillet 2014, faisant passer ce prix «à 102.000 DA». Pour les souscripteurs, le prix « alléchant » de 45.000 DA/m2 a été annoncé pour attirer le maximum de candidats, à cette formule de logements, avant de décider de l'augmentation «inexpliquée». Les souscripteurs « demandent l'application de l'article 38 de la loi 11- 04, du 17 févier 2011, fixant les règles régissant l'activité, qui stipule que: « ( ) la formule de révision des prix doit prendre pour base les éléments de variation du coût de revient et s'appuyer sur l'évolution des indices officiels des prix, des matériaux, des matériels et de la main-d'œuvre, et sauf cas de circonstances imprévisibles, incontournables et exceptionnelles, susceptibles de provoquer la rupture de l'Equilibre économique du projet, le montant de la révision du prix ne saurait excéder, au maximum, vingt pour cent (20%) du prix initialement prévu ». D'autant que, expliquent les souscripteurs LPP, dans leurs deux lettres ouvertes, la réalité de concrétisation des logements LPP « qualifiés de haut standing » est « en-deçà des clauses fixées dans le cahier des charges ». Choix de l'entreprise de réalisation Autre reproche: « Les sites conçus pour abriter les différents programmes de réalisation des logements LPP n'étaient nullement connus des souscripteurs, tenus secrets, jusqu'à l'opération «choix des sites », qui a mis en exergue des endroits, morcelés, accidentés, difficiles d'accès et loin de toutes commodités ». Les souscripteurs dénoncent, également, le «principal critère» retenu «pour la priorité du choix de site» et qui «porte sur le numéro d'ordre du premier versement». Cette démarche de l'administration du secteur de l'Habitat est jugée «aléatoire » car ne tenant pas compte «du lieu de résidence, ni du lieu de travail». Dans leur lettre à Bouteflika, les souscripteurs dénoncent, aussi, le choix de l'entreprise appelée à réaliser les logements LPP. « Le ministère a préféré jeter son dévolu sur une entreprise économique qui a montré ses insuffisances et incompétence, à atteindre les échéances économiques et financières attendues et dont les différents bilans sont qualifiés de fiascos financiers. Il s'agit bien de l'EPLF de Bejaïa, dissoute, (puis) ressuscitée et érigée en SPA/ENPI », affirment les souscripteurs. Notons, enfin, qu'après de multiples interpellations, dont trois sit-in, en juillet, ni le ministère de l'Habitat, ni l'ENPI n'ont répondu aux critiques et aux accusations des souscripteurs de logements LPP.