«Nous avons toute une stratégie à mettre en place à partir de l'expérience algérienne, en matière de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent et pour participer à l'élaboration d'une charte internationale, qui encadre et codifie les règles d'échanges, à travers les réseaux sociaux.» C'est ce que nous a déclaré, hier, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, en marge de l'atelier international sur «le rôle de la démocratie dans la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme», organisé au Palais des Nations de Club des Pins, en présence de nombreux officiels, diplomates universitaires, experts dans la lutte anti-terroriste. Abdelkader Messahel a bien accepté de nous recevoir en marge de ce rendez-vous et a souligné que «la stratégie que l'Algérie doit mettre en œuvre repose sur le constat que nous avons fait sur le terrorisme, chez nous et dans les autres pays, et les enseignements nécessaires que nous en tirons.» Il explique par exemple, à cet effet, que «l'on s'interroge pourquoi il n'y a pas beaucoup d'Algériens dans Daech ? Les Occidentaux nous disent qu'il y en a 300 au sein des groupes activant, dans les pays étrangers, pour nous, ils sont bien moins, peut-être une dizaine.» Le ministre tient surtout à préciser que «le nombre de terroristes algériens a, énormément diminué, d'abord en Algérie grâce à la mise en œuvre de la politique de la Concorde civile, la Réconciliation nationale, la réhabilitation de l'Islam traditionnel dans sa vocation cultuelle et culturelle, grâce à la presse, la justice, la société civile, les partis politiques, tous sont contre l'extrémisme violent.» Ce concept qu'il dit «consacré au plan international» est aujourd'hui, traité par l'Algérie «à travers son expérience de la lutte qu'elle a menée contre le terrorisme, durant les années 90 et qu'elle continue de mener sans répit.» L'expérience algérienne a-t-il dit, «a été relatée dans un document qui a été rendu public, a fait l'objet d'une communication aux Nations unies, au sein du comité du Conseil de sécurité, chargé de la réflexion sur le terrorisme en plus de sa présentation au forum de Washington, le 29 septembre 2015.» Une Charte pour encadrer les réseaux sociaux Une date qui, fait-il savoir, «coïncide avec le 10ème anniversaire de la mise en œuvre de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale.» En plus de sa lutte contre le terrorisme en vue de son éradication, l'Algérie s'attelle à réfléchir sur le rôle des réseaux sociaux, dans la propagation de l'extrémisme violent et du discours radical, l'objectif étant de participer dans l'élaboration d'une Charte internationale qui encadre et codifie ce domaine pour qu'il ne devienne pas une tribune pour les terroristes.» Il souligne que «nous voulons que les réseaux sociaux soient un véritable moyen moderne de rapprochement entre les cultures et les peuples.» L'exercice que l'Algérie s'applique, selon Messahel, à réussir «c'est de considérer et de faire de la démocratie, l'antidote à l'extrémisme violent, au radicalisme et à la propagande terroriste.» Il tient à préciser que «la démocratie en Algérie, ce n'est pas une coquetterie mais un choix stratégique pour lutter contre le discours exclusif, et semer la culture du vivre ensemble, s'accepter dans le cadre de la Constitution et des lois de la République.» Au passage, il fait savoir que «l'Inde a organisé, récemment, un atelier où l'expérience algérienne a été présentée, ce qui nous encourage davantage, à la rendre publique partout à travers le monde.» Le ministre annonce, à cet effet, «la publication d'un petit livre d'une centaine de pages, relatant l'ensemble des étapes de l'expérience algérienne que nous allons diffuser, en Algérie et à travers le monde, pour aider à la compréhension du terrorisme et des moyens susceptibles d'en atténuer les effets, de l'éradiquer.» En plus des solutions politiques que l'Algérie a mis en œuvre pour décourager l'extrémisme violent et le discours radical, Messahel évoque la diplomatie comme «point principal qui doit être consacré au rapprochement des visions et des approches, au niveau de la Communauté internationale pour ne pas confondre par exemple- entre intervention et assistance militaire étrangère dans les pays en difficulté sécuritaire.» Messahel dénonce «les politiques interventionnistes génératrices de chaos» Il rappelle, avec insistance, la crise en Libye où dit-il «on avance qu'elle sera très bientôt en cessation de paiement alors qu'elle a des milliards et des milliards qui sont gelés dans les banques étrangères, dégelez-les et laissez le gouvernement libyen résoudre les problèmes de son pays !» Au lieu d'interventions militaires étrangères, l'Algérie demande par la voix de son ministre, de lever l'embargo que l'ONU a décrété sur les armes en Libye. «Levez cet embargo et laissez le gouvernement avoir des armes pour lutter contre le terrorisme,» exhorte-t-il. C'est ainsi que dans son discours d'ouverture, Messahel n'a pas manqué de lancer, à l'attention de la Communauté internationale que «si la démocratie joue un rôle déterminant dans la lutte contre le terrorisme, au plan interne, cette lutte ne peut s'accommoder, au plan international de logique de double poids ou de double mesure, dans la définition du terrorisme ainsi que de politiques interventionnistes génératrices de chaos et de désordres favorables, aux groupes terroristes.» Il estime alors qu'«elle exige la promotion d'une coopération bilatérale, régionale et internationale pluri-sectorielle répondant aux besoins réels de la lutte commune contre le terrorisme, la mobilisation effective et inconditionnée des ressources pour le renforcement des capacités, là où elles manquent le plus, dans la confrontation avec ce fléau, des relations économiques, commerciales et financières mues par la promotion d'une prospérité, réellement, partagée et non par des rapports de force iniques, ainsi qu'une plus grande démocratisation des relations internationales et le renforcement du multilatéralisme.» Le discours du sous-secrétaire d'Etat américain à l'ouverture de l'atelier a mis, lui aussi, en exergue l'importance de l'expérience algérienne et le rôle de l'Algérie «comme partenaire stratégique, dans la lutte anti-terrorisme.»